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Propos d'un ancien du SDECE
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3 janvier 2013

économie africaine

Approche de l’économie africaine.

 

Si les pays européens bénéficient d’un Produit National Brut par habitant supérieur à 35.000$/an, ceux du Maghreb s’échelonnent de 5.500$ (Libye) à 1255 (Egypte), soit une moyenne de 2.500$, tandis que ceux de l’Afrique saharienne et sub-saharienne sont de quelques centaines de $, à quelques exceptions près :

-         Boswana : 5178$ - diamants

-         Cameroun 1009$ - pétrole

-         Angola 1079$ - pétrole

-         Gabon 5007$ pétrole

-         Namibie 2986$ - uranium, gaz, pierres précieuses

-         Swaziland 1934$ - charbon, or, fer, étain

-         Seychelles 8235 - tourisme

-         Guinée équatoriale 1052$ - pétrole, gaz, or

-         Afrique du Sud 4959 – charbon, gaz, électricité, or, diamants

 

En gros, le niveau de vie est divisé par 12 lorsqu’on traverse la Méditerranée, puis par 10 lorsqu’on franchit le Sahara. Cette situation de misère endémique est aggravée par 2 autres facteurs :

a)     une démographie débridée interdit d’imaginer une amélioration des ressources individuelles

b)     un PNB très généralement inférieur au PIB marque la confiscation des ressources commercialisables par les compagnies étrangères, privées ou nationalisées.

Explication : si un pays africain produit 1.000.000 de barils de pétrole en un an, à 100$ le baril, son PIB est crédité de 100 millions de $. Mais son PNB ne sera valorisé que de ce que la compagnie aura reversé à cet état, après avoir soustrait le montant de ses frais de recherche et de prospection, ses frais de fonctionnement, ses frais commerciaux, ses bénéfices (sur lesquels elle paiera ses impôts dans le lieu de résidence de son siège social), le transport, etc… Lorsque les reversements atteignent 50%, c’est bien, mais encore faut-il considérer que ces ressources de sont généralement pas attribuées à une administration fiscale, mais à un dictateur qui en dispose à sa guise.

Si d’une année à l’autre, il y a progrès du PIB, celui-ci n’améliore qu’exceptionnellement le sort des Africains, et dans une mesure très modeste.

 

 

                                                         Approche du contexte international.

 

L’Afrique possède des ressources minières et agricoles qui font la convoitise du reste du monde.

La situation actuelle convient parfaitement aux compagnies internationales, qui s’approvisionnent à bas prix en produits prisés par l’Europe, mais aussi les Amériques, et depuis peu par l’Asie.

Cela est évident pour les produits industriels, énergétiques et miniers. Cela l’est moins pour les produits alimentaires de première nécessité. Mais c’est pourtant le cas.

Explication : les ressources des Africains sont souvent si faibles qu’ils se contentent d’une économie de subsistance, qui échappe à l’impôt. Le souci majeur des chefs d’états est donc de se procurer des ressources, sans lesquelles ils sont condamnés à l’impuissance. Pour y parvenir, de tous temps, les Africains ont vendus leurs enfants comme esclaves aux Orientaux (au 19ème siècle, le plus grand marché d’esclaves du monde était à Zanzibar), aux Arabes, et aux Américains.

Ces mœurs ont aujourd’hui disparu. Mais, dans les faits, elles perdurent encore sous une autre forme.

Prenons l’exemple du Soudan, un des pays les plus pauvres de la planète (PNB/hab.= 643$ par an). De 2008 à 2009, il a vendu ou loué des terres agricoles (en ha ; sources : Atlas des futurs du monde de Virginie Raisson, p.79) :

-         à l’Arabie Saoudite : 10.117

-         à la Corés du Nord : 774.000

-         aux Emirats arabes Unis : 378.000

    Pour mémoire : surfaces cultivables en France : 10.000.000 ha.

 

Economiquement, la question se pose : comment un pays qui n’a pas assez de ressources alimentaires pour ses propres besoins peut-il céder le peu qu’il a ?

La réponse est : grâce à l’ONU.

Explication : lorsque la famine devient trop importante, le Soudan (dans notre exemple) sollicite l’aide du World Food Programm de l’ONU. Celui-ci débloque alors un budget pour venir en aide au Soudan. La somme allouée est utilisée pour acheter (au prix du marché) la nourriture correspondante, qui se trouve comme par hasard disponible dans les surplus américains… Conclusion : le plan d’aide a servi aux USA à commercialiser au prix du marché leur surplus de production, aux frais de la communauté internationale. Les gagnants de l’opération sont : les USA et le président soudanais Omar Hassan el Bechir (poursuivi par la justice internationale) qui, grâce au double revenu des terres agricoles cédées (il reçoit l’argent de la mise à disposition), et l’alimentation correspondante émise par l’ONU (qu’il monnaie auprès de sa population), peut acheter de l’armement et des pick-up pour faire la guerre au Tchad et au Sud Soudan, ainsi que financer le terrorisme international.

 

Les conséquences de ces agissements sur les populations sont visibles. Condamnés à la misère, sans espoir, sans avenir, les jeunes (souvent les plus courageux) émigrent vers l’Europe. Comme leur nombre excède les possibilités d’accueil de l’UE, ils tentent l’aventure des filières clandestines, en payant au prix très fort un « droit de passage » pour lequel ils s’endettent pour de nombreuses années.
Autrefois l’Afrique vendait ses enfants. On a aboli l’esclavage. Aujourd’hui ce sont les jeunes Africains qui se vendent de leur propre gré. Autrefois l’argent était empoché par le chef du village ou de famille. Aujourd’hui ce sont les passeurs qui empochent l’argent.

La différence est bien maigre.

 

Conclusion : depuis qu’elle a accédé à l’indépendance, l’Afrique est en voie de réesclavagisation.

 

 

 

 

 

L’approche diplomatique.

 

Les pays européens font preuve de souveraineté, et respectent celles de leurs interlocuteurs. Autrement dit, si nos voisins du sud de la Méditerranée connaissent des difficultés économiques, les efforts français ou de l’Europe du Sud vont viser à établir des relations privilégiées avec eux, dans le but de conforter nos intérêts communs. C’est la démarche qui a prévalu pour la constitution de l’Union Pour la Méditerranée.

Les Américains n’ont pas de politique étrangère, mais planétaire.

Celle-ci est dictée par la loi du marché.

Dans cet esprit tout accord particulier entre deux états est une entorse au fonctionnement harmonieux des marchés et doit être combattu.
Il serait naturellement exagéré de voir là la cause de l’attitude délibérément destabilisatrice des USA lors du « printemps arabe ». Mais il fallait s’attendre à ce que l’UPM ne fasse l’objet de nulle faveur de la part des Etats-Unis, pas plus que les autres accords que la France avait passés autrefois avec l’Irak et l’Iran, pour ne pas parler de la Libye.

Quelque soit notre bonne volonté, ou même notre altruisme (la France, à l’inverse de la Chine, respecte les conventions de l’OCDE), les USA finiront toujours par se mettre in fine en travers de nos actions diplomatiques dès lors qu’elles dérogent au contexte général de l’OMC, hormis quelques rares exceptions.

L’existence de l’URSS, et ses tentatives de pénétration africaine, ont longtemps enclin les USA à laisser la France défendre son pré-carré.
La disparition du régime soviétique a changé la donne.

L’activisme de la Chine dans l’ensemble des pays africains doit amener les Américains à plus de tolérance vis-à-vis des initiatives françaises, ou européennes.

Ceci peut expliquer qu’après avoir mis le Moyen orient à feu et à sang lors du printemps arabe, et livré les territoires sahariens aux islamistes, les Américains semblent prêts à accepter qu’on limite leur avance au Mali, au Niger, voire en Centrafrique.

 

Conclusion.

 

A l’exception de l’Afrique du sud, le continent africain semble livré à ses vieux démons qui sont l’esclavagisme (qui exige la soumission des femmes), les divisions ethniques et claniques, et la corruption.

La volonté américaine de refuser les accords particuliers pour n’accepter que ceux qui relèvent du commerce international, interdit tout espoir de voir le sort de ces pays s’améliorer. Les Africains semblent destinés à finir dans des réserves, comme les Améridiens.

Le pire étant parfois l’ennemi du mal, la pression chinoise en Afrique peut permettre de faire bouger les lignes en redonnant aux initiatives françaises et européennes une légitimité naturelle.

 

 

 

La pénétration chinoise.

 

La Chine, qui n’a pas son autonomie alimentaire, souffre de ses accords avec le Japon. Celui-ci exploite (par la location ou par l’achat) 12 millions d’ha de terres cultivables en Chine. Celle-ci, à son tour, en exploite 2 millions à l’étranger (Atlas du Futur du Monde - V. Raisson).

L’Afrique représente pour la Chine une opportunité exceptionnelle, puisque seulement 21% des terres africaines cultivables sont exploitées. Mais la mise en valeur des 79% qui restent demande d’énormes travaux de terrassement, d’irrigation, d’ouverture de route, etc…

La Chine également est intéressée par les ressources minières africaines, qui sont principalement exploitées aujourd’hui par des compagnies occidentales.

A la différence de ses concurrents, elle  ne respecte pas les normes de l’OCDE.

Elle sait travailler en faisant appel à une main d’œuvre nombreuse, et de contentant de peu, à l’inverse des européens qui utilisent des engins de chantier puissants et économes en personnel bien payé.

Elle profite de ses pénétrations tous azimuts pour introduire une immigration chinoise, première étape d’une occupation en masse du continent.
Bref, si rien ne se produit, l’Afrique deviendra une colonie chinoise. Ce qui n’est l’intérêt de personne. Pas même des Etats-Unis. Ni surtout de l’Europe qui se verra envahie par des hordes de désespérés, si on continue à laisser les Africains se faire déposséder de leurs terres et de leurs ressources.

 

 

Les atouts européens.

 

L’Europe ne peut pas forcer l’Afrique à lui ressembler si celle-ci ne le désire pas. Elle peut seulement l’aider à rester maître des ses richesses, et à résister à la pénétration chinoise.

  - le premier atout de l’Europe, c’est la qualité de ses entreprises qui interviennent en Afrique. Implantées souvent depuis plusieurs dizaines d’années, elles connaissent parfaitement la pays, ses ressources, son mode de fonctionnement, en un mot le tissu économique, social et politique. Elles sont plus compétentes pour savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire, dans l’intérêt de l’Afrique et de l’Europe. Elles en savent souvent beaucoup plus que nos fonctionnaires et responsables politiques, qui sont appelés cycliquement à d’autres affectations. Notre premier devoir vis-à-vis de nos intervenants africains, c’est de savoir les écouter, les comprendre, leur faire confiance et, lorsque c’est nécessaire, assurer leur sécurité.

      - le second atout, c’est la qualité et le professionnalisme de notre dispositif de sécurité, rompu aux ACMI (sections civilo-militaires). Lors d’un exercice franco-britannique, les états-majors respectifs de ces pays comparaient leur réactivité face à des événements insurrectionnels dans des pays comparables. La simulation faisait apparaître que les Français sécurisaient leurs ressortissants dans un délai de 5 à 7 jours, tandis que les Britanniques n’y parvenaient qu’au bout de 11 à 13 jours, c'est-à-dire trop tard. La raison de cette performance française tenait essentiellement au fait que nos troupes sont déjà prépositionnées à proximité immédiate des points névralgiques, alors que nos amis britanniques sont obligés d’intervenir par voie maritime, ce qui prend du temps.

 

 

Conclusion générale.

 

Une Afrique prospère, où les droits de l’Homme (et de la Femme) soient respectés, où les habitants soient trop heureux de vivre chez eux pour avoir envie de s’expatrier, une Afrique forte, capable de faire respecter sa souveraineté, c’est ce qui pourrait arriver de mieux pour l’Europe et pour la France.

Nous en sommes très loin.

Nous faisons face aujourd’hui avec des moyens extrêmement réduits. Tant sue le plan économique que sécuritaire. La France (et le Royaume Uni) sont actuellement particulièrement exposés dans ces domaines.  Le reste de l’Europe est moins directement concerné.
Nous avons l’impérieux devoir de réussir. Même si nous sommes seuls. Nous devons aussi soutenir nos sociétés qui interviennent économiquement sur ce continent. Et en particulier parmi elles, celles qui s’occupent des travaux publics et des infrastructures

.
C’est parce que les Romains ont créé des routes que l’Europe s’est faite.

C’est selon que l’aménagement des territoires africains sera européen ou chinois que l’Afrique deviendra un partenaire de l’Union Européenne, ou une colonie chinoise.

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