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Propos d'un ancien du SDECE
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23 janvier 2013

Chine contre URSS

 

Le contexte international.

 

En 1976, j’étais chef d’un secteur de renseignement au sein de la Défense Nationale, spécialisé dans la lutte contre les trafics d’armes. La chute de Saigon l’année précédente avait livré au Viet Minh des stocks d’armement d’origine américaine, démesurés (la valeur de ces matériels, au prix du marché d’occasion, était comparable au budget de la France).

Les marchands d’armes que je connaissais se sont rendus à Hanoi, à l’invitation du gouvernement vietnamien. Ils en sont revenus avec la conviction que le Vietnam ne voulait pas vendre. J’ai recoupé ces informations dans le domaine industriel. J’en ai conclu que si le Vietnam voulait conserver ces énormes quantités d’armes, c’est qu’il allait en avoir besoin. Pour faire la guerre, naturellement. Restait à savoir contre qui. La Chine était trop forte, le Laos lui était inféodé. Restait le Cambodge. Deux ans plus tard, le 23/10/78, les 13 divisions vietnamiennes l’envahissaient, et prenaient Pnom Pen. Elles établirent un gouvernement reconnu par le bloc soviétique, tandis que la Chine, soutenue  par les USA et le bloc occidental le contestait.

Le 17 février 79, suite à l’annonce de Teng Hsiao Ping de faire une démonstration de force en faveur des Khmers, la 7ème armée chinoise forte de 350.000 hommes pénétra de 50 km au tonkin. EN 15 jours elle perdit 75.000 hommes sans combattre (car les Vietnamiens refusant le conflit avec la Chine, se repliaient à chaque avancée de l’adversaire, mais en piégeant le terrain cédé), sur les champs de mines. Car, au lieu de se frayer des passages sécurisés, la 7ème armée chinoise mit un point d’honneur à ignorer les champs de mines, prouvant que

a)     rien ne saurait retarder l’avance de l’armée chinoise

b)     que les soldats chinois préféraient s’exposer à la mort plutôt que de refuser d’obéir aux ordres criminels de leurs officiers.

C’était cela la démonstration de force chinoise (c’est la même 7ème armée qui interviendra en mai 89 sur la place Tien An Men).

Au cours de ce conflit, l’URSS menaça d’envahir la Chine, qui reçut des Etats-Unis des équipes de radaristes, qui furent déposés le long de la frontière mandchoue pour prévenir toute attaque soviétique.

Puis la Chine reçut des Occidentaux des chars, des avions et des matériels modernes, tandis qu’elle devenait le pire des propagandistes anti soviétique dans les capitales étrangères.

 

 

C’est donc en 76 que je compris que le bloc communiste venait de se briser, entre les tendances soviétiques et chinoises.

La première question que je me suis posé était « pourquoi ? » La réponse bien sûr était parce que le double abandon américain du Vietnam et du Cambodge mettait les combattants d’hier face à face. Or c’est en 71, à la fin de son premier mandat que Nixon avait annoncé qu’il rapatrierait le corps expéditionnaire américain à la fin de son second mandat.

Et c’est au cours de l’hiver 72-73 que le Viet Minh avait lancé son offensive généralisée (11 divisions) à travers le Laos et le Cambodge (qui bascula dans la guerre) pour atteindre la Cochinchine ; ce qui militairement était une opération suicidaire, car les Etats-Unis, après avoir suivi la progression de ces unités, en utilisant en particulier massivement des produits effeuillant, pouvaient écraser cette expédition lors de son arrivée en Cochinchine … à condition de réexpédier des troupes au Vietnam. Autrement dit, en attaquant le Vietnam Sud par la Cochinchine, les Soviétiques recherchaient à ce que les Etats-Unis renoncent à se retirer du Vietnam, et non pas à les en déloger.

Mais l’adversaire des Etats-Unis n’était pas le peuple vietnamien. Dans le conflit qui opposait le Nord au Sud, les américains ne faisaient qu’apporter leur aide au camp de la liberté. En transformant le conflit en une coalition Viet Minh, Laos, Cambodge soutenue par la Chine et l’URSS, l’Union Soviétique dénaturait le problème, et se posait en adversaire des USA. Personne, mieux que Henry Kissinger, ne savait comment s’y prendre face à une coalition, et la percée vietnamienne en Cochinchine, au lieu de retarder le départ américain, ne fit que le précipiter. Cela supposait aussi que si l’URSS devenait l’adversaire à abattre, c’est que

a)     elle ne l’était pas avant,

b)     les relations entre les USA et l’URSS allaient entrer dans une phase décisive, qui allait entraîner la chute de l’un ou l’autre de ces 2 antagonistes.

 

 

 

 

C’est alors que je me suis intéressé à l’Histoire. Et de recherches en recherches, je me suis rendu compte que la complicité entre les USA et l’URSS remontait à la naissance de la révolution bolchevique, que ces 2 super puissances avaient programmé la seconde guerre mondiale, en poussant l’Allemagne à la faute ; les Soviétiques offrant secrètement à celle-ci des territoires et des populations pour fabriquer l’armement qu’ils lui commandaient tandis que les Américains lui redonnaient une compétitivité de premier plan, en investissant massivement dans ses usines d’industrie chimique.

Les intérêts américains et soviétiques étaient complémentaires : aux premiers le pétrole du monde occidental et du Moyen Orient, aux seconds les énormes ressources d’Asie Centrale, l’idéologie communiste permettant de contrôler les populations des régimes marxistes, et la crainte de la même idéologie de tenir sous tutelle les alliés occidentaux récalcitrants, en particulier la France et l’Angleterre (Napoléon, à qui l’on reprochait d’avoir vendu la Louisiane aux Anglais, avait répondu : «  nous venons de créer une puissance commerciale et maritime américaine, qui, un jour ou l’autre, terrassera l’Angleterre »).

 

 

L’alliance secrète des Américains et des Soviétiques résista à la crise de Berlin, à la guerre de Corée, aux fusées de Cuba, et se brisa lors du conflit vietnamien, entre les 2 mandats Nixon.

Au cours de la lutte à mort qui s’engagea entre les 2 puissances, les Etats-Unis s’appuyèrent dès le départ sur la Chine (pour isoler l’URSS sur le plan diplomatique, mais aussi parce que les relations conflictuelles qui existaient entre ces 2 immenses pays menaçaient la sécurité de l’Union Soviétique) et naturellement sur le Moyen Orient.

Plusieurs incidents permettent de suivre l’évolution du conflit masqué des 2 super puissances de 72 à 92, en particulier l’étrange modération dont l’URSS fit preuve vis à vis de la Pologne en 1980, lors des émeutes de Solidarnosc, et la surprenante retenue de Jaruzelski (ancien élève des Jésuites) vis-à-vis de ce syndicat laissaient déjà deviner que le KGB commençait à abandonner l’attitude de recours systématique à la force qui avait toujours été la sienne jusque là. L’idée que le KGB renoncerait à attaquer les USA par les armes, et envisagerait une transformation en profondeur de la maison soviétique commençait à prendre corps pour les plus perspicaces (c’est l’époque à laquelle Hélène Carrère d’Encausse faisait paraître son ouvrage « l’Empire éclaté »).

L’attentat contre Jean Paul II en avril 81 a mérité toute mon attention. La presse a fait état des déclarations du chef des services spéciaux bulgares qui a reconnu avoir monté cet attentat à la demande du GRU (Service de Renseignement des Armées de l’Union Soviétique).Le but était de déclencher des émeutes en Pologne d’une telle intensité que l’Union soviétique serait obligée d’y rétablir l’ordre par la force, mettant fin à la dérive permissive que le KGB tolérait vis-à-vis des contestataires de l’autorité de l’Etat.

Penchons-nous sur la chronologie de cet attentat manqué : date de l’évènement  : avril 81 ; délai d’exécution : au moins 18 mois (le GRU est soviétique, il doit actionner les Services bulgares - à l’insu du KGB – qui recrutent un tueur turc … cela ne se fait pas instantanément), soit prise de décision : octobre 1979.

Entre le moment où les officiers du GRU sont informés suffisamment clairement  des intentions du KGB (de dé-soviétiser pour rompre l’encerclement diplomatique et idéologique de l’URSS) et le moment où ils décident de passer à l’action, il faut compter au moins 2 ans : ceci nous amène à octobre 77. C’est l’époque où apparaissent les premiers incidents de frontière entre le Cambodge et le Vietnam, avant l’offensive vietnamienne.

En octobre 76, en comprenant la nouvelle donne politique de l’équilibre du monde (l’alliance secrète des USA avec la Chine), j’avais 4 ans de retard sur les stratèges du KGB, mais aussi 1 an d’avance sur les officiers du GRU (et 13 ans d’avance sur Mitterand).

Cette théorie, que je formulais en 76, allait se trouver justifiée par l’étude des relations secrètes USA-URSS depuis la première guerre mondiale, et confirmée par la suite des événements jusqu’à la disparition de l’URSS.

 

L’éveil de la Chine.

 

Comme  vous le faites remarquer, c’est le fort taux d’instruction de la société japonaise qui lui a permis dès 1900 d’assimiler et de maîtriser les techniques occidentales. C’est l’analphabétisation massive de la société chinoise qui l’empêchait d’en faire autant. 

Que les élites chinoises en aient pris conscience et aient tenté de combler leur retard en commençant par une entreprise d’éducation du peuple, accompagnée par le développement de technologie de faible niveau, grâce aux ressources énergétiques locales (dont le charbon) est certainement très vrai.

 Encore faut-il observer que toutes les initiatives de Mao (pour ne pas parler du schéma Pol Pot) dans ce domaine se sont toutes soldées par des échecs industriels, des désastres économiques et des famines meurtrières.

Faire passer une population largement analphabète de 1,2 milliards d’habitants du Moyen-Âge au 20ème siècle à l’aide de ses seules ressources aurait dû demander un temps considérable.

Vu de l’extérieur, l’essor chinois est apparu à partir des années 1990 (mais vous qui étiez sur place avez-vous sans doute été témoin du fantastique travail d’organisation et de préparation que cela a dû demander). C’est en effet à ce moment que le « made in China » a fait son apparition dans la grande distribution, en proposant des clous, des vis (pour le prix de 5 vis françaises, on avait 1 kg de vis chinoise), des embouts, des pinces, des clés plates, des pelles, des marteaux, des tournevis… à des prix défiant toute concurrence.

Les efforts de production comparables, entrepris sous Mao avaient tous échoués. Cela a réussi en 90 parce que les marchés occidentaux étaient là pour les absorber. Le marché chinois a certes attiré les entreprises européennes mais ce sont les marchés occidentaux qui ont permis à l’industrie chinoise de décoller, et de rattraper des siècles de retard en 10 ans. 

 

 

 

Le rôle de la grande distribution.

 

La grande distribution a joué un rôle éminemment positif dans l’économie européenne (et française) dans les années 50-80, jusqu’à ce que l’OMC remplace le GATT, au moment de l’ouverture des frontières. Elle a alors acquis une puissance discriminatoire (vis-à-vis des unités de production) et confiscatoire vis-à-vis des consommateurs.
Vous avez raison de souligner qu’elle ne paie ses fournisseurs qu’à 120 jours, alors que le turn over  de ses stocks est de l’ordre de 2 semaines. L’argent placé lui permet de payer le personnel de ses magasins, tandis que les fournisseurs doivent supporter 4 mois d’escompte sur leurs factures acquittées.
Mais il n’y a pas que cela : il y a les droits d’entrée, les ristournes de fin d’année (4% sur le chiffre d’affaire), les ventes promotionnelles, les droits de référencement (le même article peut en avoir plusieurs, suivant qu’il soit vendu à l’unité, par 2, par 3, par 4…), les participations aux droits de publicité, à la confection des catalogues, aux frais de communication, les livraisons gratuites, les palettes offertes, la reprise des invendus ou des articles détériorés par le public ou le manque de soin des magasiniers, la participation au rachat des magasins en cas de fusionnement d’enseignes, la facturation des frais d’exposition pour les articles en tête de gondole, ou occupant les rayons les plus visibles des étagères, la comptabilité des ventes par magasins au profit de la centrale, les « échanges de données informatiques » facturées au prix de la « messagerie rose », les frais de recyclage des emballages, …. L’ensemble de ces frais annexes dépasse les 15% du chiffre d’affaire, et atteint parfois le montant de la TVA que la G.D. doit à Bercy.

Quand on sait que la TVA représente les 2/3 des ressources de l’Etat, que la G.D. absorbe la moitié du revenu des ménages, on peut en déduire que ses bénéfices annuels atteignent un peu moins du tiers (soit environ 25%) du budget de la France.

Or cet « impôt » prélevé sur la consommation ne profite ni à la production, ni à notre économie, ni aux secteurs social ou hospitalier, ni à la recherche, ni à l’éducation … il est réinvesti à l’étranger pour ouvrir des magasins qui sont régulièrement pillés lors des troubles sociaux récurrents.

La G.D. est une des branches économiques de notre pays (avec les pétroliers) à faire des bénéfices. Comment peut-on croire que la France puisse progresser, si les revenus qu’elle dégage lui sont confisqués au profit de l’étranger ? Quel ménage peut assurer la maîtrise de son budget, si chaque mois on lui confisque son épargne ?

 

 

La « TVA sociale ».

 

Le choix de cette appellation est détestable. Elle évoque la CSG ou la RDS (qui sont en fait des impôts qui sont ajoutés aux autres), alors que le principe est très différent. La « TVA sociale » n’est pas destinée à s’ajouter aux charges des entreprises, mais à s’y substituer.

Schématiquement, dans le système actuel, le prix d’un produit est composé de coûts (des matières premières, des salaires nets, des énergies, des amortissements, des transports, des assurances, des frais financiers…), de charges sociales et de taxes (dont la TVA). Ce qu’on appelle maladroitement « TVA sociale », c’est le regroupement en une seule enveloppe des charges sociales et des taxes, le prix final du produit (pour le consommateur) restant identique. Mais cela change beaucoup de choses.

Pour les organismes de Sécurité Sociale, c’est un manque à gagner, car les ressources ne sont plus générées par le bulletin de salaire, mais par l’acquittement de la TVA par les distributeurs.

Cela comporte des délais, mais aussi des pertes en ligne : les invendus, quelque en soir la cause (accidents, produits périmés ou démodés, ventes à l’étranger) ne génèrent pas de rentrée monétaire.

Pour les producteurs, cela donne un pouvoir de pénétration supérieur à leurs produits, puisque, à l’exportation, le prix des produits hors taxes est inférieur.
Pour les importations, cela permet de les taxer davantage (puisque les coûts sociaux font désormais partie de la TVA). Ceci compense le manque à gagner de la Sécurité Sociale, en même temps que cela diminue  la compétitivité des produits étrangers.
Pour un pays dont la balance commerciale est équilibrée, les 2 systèmes se valent à peu près, aux délais d’encaissement près, et hors invendus. Pour un pays dont la balance commerciale est positive (c’est le cas de l’Allemagne aujourd’hui), le système actuel joue en sa faveur.

Pour les pays pour lesquels elle est déficitaire, le système dit « de TVA sociale » est préférable. Faut-il un système différend pour l’Allemagne et le reste de l’Europe ? Ou faut-il que l’Allemagne et l’Europe se convertissent à la TVA sociale ?

La réponse est oui, car si sa balance commerciale est excédentaire, c’est parce que l’Allemagne vend aux autres pays européens plus qu’elle  ne leur achète, mais les échanges commerciaux allemands hors Europe sont déficitaires. Il faut que les Allemands comprennent que leur intérêt est d’être solidaire de l’Europe. Ce n’est pas gagné.

 

 

L’union pour la Méditerranée.


Si elle échoue, ce sera la guerre, et  N. Sarkozy a raison de la défendre. Mais l’évolution actuelle du Moyen Orient joue contre elle, car elle menace les approvisionnements pétroliers européens. Sans eux, la misère menacera notre pays, et avec elle apparaîtra un climat insurrectionnel qui ne pourra déboucher que sur le chaos. De plus le Moyen Orient perdra les rares ressources qui lui viennent aujourd’hui de l’Europe (tourisme et sous-traitance). C’est l’embrasement de tous les pays de la Méditerranée qui menace.

Je crains que pour les Etats-Unis ce soit acceptable. Car il y a un paradoxe évident à encourager les mouvements de libération des peuples déshérités, et en même temps à soutenir les monarchies d’Arabie. L’histoire atteste que la diplomatie américaine se détermine en fonction de ses intérêts, et que ceux-ci s’accommodent très volontiers des malheurs de l’Europe.

 

 

 

 

 

 

 

 

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