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Propos d'un ancien du SDECE
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14 mai 2014

Ukraine: l'Europe joue et perd.

UKRAINE – L'Europe joue et perd.

 

Au monde bipolaire de la guerre froide a succédé celui du tripode USA-Russie-Chine. Alors que les États-Unis devaient abandonner en 75 leurs alliés vietnamien et cambodgien (puis laotien en 76) face à la coalition Russie-Chine, en 1979 lors de la guerre Vietnam-Cambodge, l'URSS avait dû renoncer à « punir » la Chine (soutenue par les USA et les Européens) pour son invasion du Nord-Tonkin.

 

Ce fut le début de la fin de l'Union Soviétique.

 

Militairement , et pour quelques années encore, la Chine est plus faible que les USA et la Russie. Mais à chaque désaccord entre les deux, elle donne l'avantage à celui qu'elle soutient. On l'a vu lors du conflit contre la Syrie : le soutien ferme de la Russie et de la Chine à Bachar el-Assad a dissuadé Barck Obama d'intervenir en dépit des rodomantades auxquelles il s'était livré.

 

La Chine est devenue l'arbitre des différents russo-américains.

 

Ceci dit, deux principes sous-entendent la politique chinoise :

a) la Chine n'est pas favorable à un conflit USA-Russie, car le temps travaille à son avantage.

b) elle est hostile au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, car ce principe est pour elle une menace mortelle dans ses « territoires » tentés par l'indépendance (Tibet, Sinkiang-Ouïgour, …).

 

Lors de la crise ukrainienne, l'Occident a cru que ces deux principes joueraient en sa faveur :

a) la Russie n'oserait pas intervenir militairement contre Kiev si l'Occident s'interposait.

b) la Chine serait hostile à une partition de l'UKraine et à la sécession des provinces de l'Est, et au rattachement de la Crimée à la Russie.

 

Les événements de Crimée furent une première déroute pour les Occidentaux. Lorsque Obama était sur le point d'intervenir en Syrie, c'est la présence de la flotte russe au large du Liban qui a contraint les Américains à revoir leurs objectifs.

Or, pour que celle-ci puisse jouer durablement ce rôle de rempart des intérêts asiatiques en Méditerranée, elle a besoin d'une base arrière en mer Noire.

Pékin ne pouvait donc pas s'opposer à la « récupération » de Sébastopol par Moscou qui était indispensable à leurs intérêts stratégiques communs.

 

S'opposer au retour de la Crimée sous le contrôle russe a été la première erreur de l'Occident.

 

La seconde fut de vouloir punir la Russie de ce succès. Aux sanctions économiques européennes, Moscou répondit qu'elle allait cesser de fournir du gaz à l'Ukraine … ce fut du grand n'importe quoi. Et dans la confusion générale, Moscou soutint les séparatistes des régions russophones, prenant de vitesse le referendum destiné à légitimer la destitution de Ianoukovitch, par celui de la région de Donetsk (au nom du droit des peuples à choisir leur destin, cher aux Occidentaux).

 

Le résultat de tout cela, c'est qu'un fossé idéologique sépare aujourd'hui irrémédiablement l'est de l'Ukraine du reste du pays. La Fédération de l’État en régions autonomes chère à Poutine semble inévitable, si l'on veut prévenir l'éclatement du pays ; en attendant que dans quelques années, Moscou ne reprenne en mains l'ensemble du pays qui ne pourra pas vivre, s'il est privé de ses provinces orientales industrielles.

 

Dans ce contexte l'Occident sera seul : autant la Chine n'aime pas que l'on mette en avant le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, autant la forme de gouvernement de l'Ukraine (souverainiste ou fédéraliste) lui importe peu.

 

Pour avoir voulu s'opposer au retour de la Crimée sous l'emprise russe, les Occidentaux ont permis à Poutine d'amputer l'Ukraine du tiers la plus riche de son territoire. Ce sont les Ukrainiens qui vont en faire les frais pendant de longues années.

 

 

Dans un conflit, être perdant peut-être tragique. Mais être mauvais perdant, c'est encore bien pire.

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