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Propos d'un ancien du SDECE
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7 décembre 2014

le double jeu américain en Ukraine

Le double jeu américain en Ukraine.

 

En soutenant la révolution de Maïdan, et en poussant l'Ukraine dans la zone européenne occidentale, les États-Unis ne pouvaient ignorer que la Russie s'opposerait à ce que la Crimée lui échappe.

 

Ont-ils pris des mesures pour empêcher l'occupation de cette dernière ?

 

La réponse est non, à l'évidence – et cette absence de réaction a valeur d'acceptation. La péninsule de Sébastopol rattachée à la Russie, la crise ukrainienne aurait dû en rester là. Mais la contestation, occidentale en général, et américaine en particulier, de la « légitimité » de cette situation, a contraint la Russie à riposter en mettant en cause à son tour celle du gouvernement de Kiev et de son autorité sur les provinces du Dombass.

 

Le développement de ce processus a amené l'armée ukrainienne à intervenir militairement contre les séparatistes, soutenus de façon à peine voilée par l'armée russe. En effet, s'il est possible d'imaginer que des émeutiers aient pu s'emparer de chars et de missiles, le fait d'utiliser opérationnellement des bataillons de chars, des groupes d'artillerie et des batteries de missiles, suppose que les insurgés ont disposé des organismes de commandement, des moyens techniques,et des supports logistiques nécessaires à ce genre d'actions.

 

Or, l'usage coordonné de ces différents moyens de combattre ne s'improvise pas. Il constitue la marque de spécialistes qui ont bénéficié d'une formation longue et coûteuse aux actions opérationnelles.

 

 

En clair, si les pro russes ont su affronter et tenir en échec l'armée ukrainienne, c'est parce qu'ils étaient encadrés par des professionnels de l'armée russe, qu'ils soient ou non camouflés en mercenaires.

 

La logique de la guerre aurait voulu que les occidentaux apportent à l'armée ukrainienne les moyens dont elle avait besoin pour faire face à ses agresseurs, et le droit international leur aurait donné raison.

 

En particulier les insurgés ont utilisé avec succès des missiles Sol-Air qui ont privé les forces régulières de la maîtrise de l'espace aérien. Il aurait suffit que l'OTAN, ou les USA, louent quelques mois quatre ou cinq avions Awak, et vendent à l'Ukraine une dizaine de missiles Tomawak (missiles à basse altitude, à navigation autonome) pour priver les rebelles de leurs défenses anti aérienne. Et cela sans risque d'escalade, puisque les forces russes (pas plus que les forces françaises) ne disposaient de ce genre d'armements. Si cela avait été fait, la tragédie du vol MH17 n'aurait pas eu lieu.

 

Mais au lieu de réagir à la force (illégitime) par la force selon le principe de la légitime défense, les États-Unis ont exigé des Occidentaux qu'ils ne répliquent que par des sanctions économiques … dont les victimes furent les Européens, et les bénéficiaires les Américains.

 

En effet, l'Europe met fin à ses exportations agricoles vers la Russie, tandis que cette dernière cesse ses exportions de gaz et de pétrole vers l'Occident, provoquant un renchérissement des prix du baril, au moment précis où les nouveaux pétroliers américains (gaz de schiste et pétrole bitumineux),par leur boulimie, saturent les marchés internationaux,ce qui entraîne un affaissement des cours.

Et comme les Américains ne reculent devant rien, ils en profitent pour exiger que la France renonce à la livraison des deux bateaux Mistral que la Russie avait achetés bien avant la crise ukrainienne ; et s'ils n'ont pas encore réussi à nous interdire la vente des Rafales à l'Inde, on peut être certains que cela mobilise toute leur attention.

 

Dans ce contexte, la visite de notre Président, de retour du Kazakhstan, à V. Poutine semble de bon augure.


La diplomatie française pourra-t-elle un jour comprendre qu'entre son meilleur ennemi et son pire ami, elle doit naviguer à vue ?

Hervé LE BIDEAU

7 décembre 2014

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