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Propos d'un ancien du SDECE
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6 mars 2014

Les snipers de Maïdan

Les snipers de Maïdan .

Selon le rapport d'Urmas Paet, premier ministre d'Estonie, à Catherine Ashton, les snipers de la place Maïdan auraient tiré à la fois sur la police et les insurgés, car les victimes des deux camps ont été atteintes par des balles de même calibre.

La télévision a montré des insurgés blessés, secourus par des camarades sous le feu de l'adversaire. Ces derniers repèrent les fenêtres d'où les coups de feu sont partis, et en informent des équipes chargées de les neutraliser.

La première idée qui vient à l'esprit est l'explication naturelle : après avoir capturé les snipers, les insurgés ont pu utiliser les armes de ceux-ci contre la police. Tous les combattants utilisent à leur profit les armes prises à l'ennemi.

A la réflexion, vient le soupçon de la manipulation. Qui aurait pu avoir intérêt à faire des victimes des deux côtés ?
Réponse : ceux qui avaient intérêt à faire couler le sang au cours des événements.

Qui peuvent-ils être ?

a) les insurgés ukrainiens ? C'est très improbable. Ils ont été tout près de perdre la bataille le lundi, et les tirs sur leurs camarades en première ligne auraient été suicidaires. Enfin cela n'expliquerait pas qu'ils aient utilisé les mêmes cartouches que les forces spéciales.

b) des agitateurs manipulés par la CIA ? Cela ne tient pas . L'obstacle des cartouches demeure. De plus, on n'enseigne que ce que l'on maîtrise, et si les Américains savent faire preuve d'héroïsme, ils n'ont pas l' expérience du combat à mains nues contre des troupes régulières.


c) la police de Ianoukovitch ? Très peu probable, car c'était un lâche qui s'est sauvé piteusement après l'ultimatum des rebelles. Il avait tout intérêt à calmer le jeu.
 
 d) les hommes du FSB (successeur du KGB) ? L'hypothèse est intéressante car elle évoque un précédent : la fausse révolution de Roumanie de 1989, déclenchée par le KGB pour se débarrasser de Ceausescu qui devenait encombrant. Là aussi on avait vu des snipers de la Securitate tirer indifféremment sur la foule des badauds et sur les forces de police qui étaient sensées les contenir. A l'époque, Poutine était officier supérieur du KGB.

Si cette hypothèse se révélait exacte, cela expliquerait très logiquement la suite des événements qui se sont produits :                   
 Poutine a compris que l'Ukraine veut s'affranchir de sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Cela ne le dérangerait pas trop, mais la Crimée (Sébastopol) a pour lui un intérêt stratégique essentiel. D'où l'objectif d'annexer la Crimée (dont une moitié de la population est russe, et l'autre tatare ; il n'y a pratiquement pas d'Ukrainiens en Crimée), à la faveur d'événements insurrectionnels, de nature à justifier une intervention russe.

Scenario :
dans un premier temps, on pousse Ianoukovitch à ne pas signer l'accord de coopération avec l'UE, prévue de longue date.
Face au mécontentement populaire, on le pousse à l'intransigeance, puis à la concertation (retour à la constitution de 2004, libération des insurgés détenus), puis à nouveau à la fermeté (les détenus ne sont pas libérés, réinvestissement par surprise de Maïdan …) jusqu'à ce que le pays s'embrase. A ce moment, Poutine se sent justifié à intervenir (il y est « autorisé » par la fédération de Russie) et diffuse les images des troupes russes en manoeuvre (images impressionnantes par le matériel déployé, mais qui pêchent par un manque de sens tactique consternant : faire attaquer les dizaines d'hélicoptères en ligne, qui tirent des missiles devant eux, c'est ce que l'armée de Sadam Hussein avait fait contre l'Iran en 1980 ; après deux jours de combat, elle n'avait plus d'hélicoptères).

Mais en même temps qu'il montre sa force, Poutine calme le jeu : il désavoue Ianoukovitch (qu'il traite d'incapable et de corrompu), et se réfère à la légalité pour justifier son intervention.

Bref, nous venons d'assister à une sinistre opération de grand spectacle, comme le KGB y excelle, par laquelle Poutine a imposé sa volonté à l'Occident, à savoir :

oui à la liberté de l'Ukraine, à condition que la Crimée redevienne russe .

                                                             Hervé LE BIDEAU
                                                                 6/03/2014





                                                                 

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