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Propos d'un ancien du SDECE
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2 janvier 2013

Le pétrole, la crise, la Tunisie et les autres.

Que veulent les Rockefeller ?

 

En finançant les bolcheviques dès 1915, les Rockefeller ont permis à la révolution soviétique de prendre le pouvoir, et à la Russie de faire la paix avec l’Allemagne. Ceci a rendu nécessaire l’intervention américaine en France en 1917, puis, lors de la signature de la paix en 1918, a justifié la demande américaine de pouvoir prospecter dans les possessions de l’ex-Empire Ottoman… Pour le plus grand profit des Rockefeller. De cette époque date la collusion d’intérêts entre les sociétés américaines d’armement, les pétroliers, les financiers et l’Etat fédéral américain.

Force est de constater que les Rockefeller, fidèles soutiens du Parti Républicain, ont épaulé le gouvernement démocrate de Jimmy Carter (tous les secrétaires d’Etat de ce gouvernement sont membres de la Trilatérale, fondée en 73 par David Rockefeller), et ont joué un rôle prépondérant lors de la mise à genoux de l’Union Soviétique. (en particulier, en amenant l’Arabie Saoudite à doubler sa production pétrolière entre 81 et 88, ce qui eut pour effet d’effondrer les cours… et les ressources financières de l’URSS.)

On peut dire que les Rockefeller ont été les rois « occultes » du monde (jusqu’à ce que l’alliance secrète entre les USA et l’URSS, qui avait résisté au conflit coréen, se brise en 72 lors du conflit vietnamien), puis du camp occidental depuis la disparition de l’Union Soviétique.

Personne n’est mieux placé qu’eux pour savoir que depuis 1985 la consommation mondiale de pétrole dépasse le volume des découvertes annuelles (en 2005, 34 milliards de barils consommés pour 4 milliards de barils découverts), ni pour connaître l’incidence de la consommation pétrolière sur les finances (puisque, parallèlement à leur position de Président de la fondation Rockefeller qui leur assure le contrôle de l’empire pétrolier américain, la même famille possède de nombreuses banques, en particulier celles qui leur permettaient de contrôler les échanges commerciaux de l’URSS.

Personne au monde n’est plus sensible qu’eux à tout ce qui concerne la fin du pétrole, puisque cela menace leur empire, à la fois financier et pétrolier. Parallèlement pour la politique étrangère américaine, la fin du pétrole représente un danger majeur : celui qui possédera les dernières ressources d’hydrocarbures aura un avantage stratégique énorme sur les autres.

Or, alors que depuis 1985 la logique aurait voulu que l’on ménage les ressources pétrolières, force est de constater que depuis ce moment, on a multiplié les raisons de les consommer davantage, notamment en industrialisant la Chine dans le secteur automobile dès les années 90.

Cette fuite en avant amène aux conclusions suivantes :

l’intérêt des Etats-Unis est de contrôler la production pétrolière mondiale jusqu’à la fin.

l’intérêt des Etats-Unis est d’accélérer l’épuisement des ressources pétrolières dans les régions où elles sont faciles à extraire, notamment celles du Moyen-Orient et d’Asie Centrale, et qui risqueraient de leur échapper lors d’un revers diplomatique, par exemple.

L’intérêt des Etats-Unis est de rendre rentable, le plus rapidement possible, l’exploitation pétrolière des zones qui ne le sont pas aujourd’hui, et qui nécessitent des technologies de pointe, hors de la portée de la plupart des pays.

En résumé, l’intérêt des Etats-Unis n’est pas de freiner la crise, ou de la contrôler, mais de la précipiter. Ceci correspond à une attitude de combat. Les Etats-Unis sont en guerre, même si cela ne se voit pas (« la paix est la continuation de la guerre, par d’autres moyens » Clausewitz)

 

 

Les Etats-Unis et la « révolution de jasmin ».

Le suicide du marchand de légumes, à l’origine des émeutes qui ont entraîné la chute de Ben Ali, a deux causes :

la première est d’ordre économique : qu’un bac+5 soit obligé de vendre des légumes, sur une charrette à bras, pour faire vivre sa famille, est révélateur de la détresse économique des Tunisiens. Cette cause ne disparaîtra pas miraculeusement avec la révolution. Tout au plus le peuple, tout à sa révolte, oubliera-t-il un certain temps sa misère – quelques mois, une année peut-être, avant de renouer avec un régime suffisamment fort pour résister aux troubles sociaux inhérents à la misère… c'est-à-dire une nouvelle dictature (qui risquerait d’être islamiste, car le mysticisme est une alternative au désespoir, pour ceux qui sont confrontés au choc du désenchantement),

la seconde est le refus de l’injustice. Le malheureux marchand de légumes, père de famille, s’était résigné à une vie misérable, en dépit des énormes sacrifices qu’il avait du faire pour ses études. Mais ce qui lui a rendu insupportable son existence, c’est la façon cynique, brutale, « esclavagiste » avec laquelle il était traité par les autorités administratives et policières tunisiennes. Une population évoluée ne peut endurer les souffrances que les tyrans imposent à leurs sujets analphabètes, sans se révolter.

Or, cette seconde cause de la révolte est exportable. Particulièrement chez les peuples évolués du Moyen-Orient, parmi lesquels figurent naturellement les Algériens, les Marocains, les Egyptiens et les Jordaniens, mais aussi les Iraniens.

Et c’est sans doute là la raison réelle de l’intervention américaine dans la révolution du jasmin : déclencher une vaste insurrection « démocratique » de Moyen-Orient (en évitant soigneusement l’Arabie saoudite et le Koweït) pour balayer le régime iranien. Car, quelque soit l’habileté et l’efficacité des savants américains et israéliens, ils ne pourront pas tenir en échec éternellement les efforts des iraniens pour acquérir la bombe, à la seule force de leurs facéties informatiques.

 

Résumons-nous : l’ingérence américaine en Tunisie (voir annexe jointe) a pour but de renverser le régime iranien, à la faveur d’une déstabilisation massive au Moyen-Orient. Cette manœuvre, si elle échoue, précipitera la région dans les bras de l’islamisme. Si elle doit réussir, c’est dans un délai d’un an. Les Etats-Unis sont en train de livrer une bataille capitale : régler le problème iranien dans l’année qui vient, en risquant, en cas d’échec, de livrer toute l’Afrique du Nord à des régimes islamistes.

 

 

Les intérêts français.

L’accélération de la crise, et la marche à la guerre, sont les fruits des initiatives américaines, dont il ne semble pas que les élites politiques et médiatiques françaises soient conscientes.

Vis-à-vis du drame qui se prépare, nous sommes des acteurs passifs. Quel que soit le candidat (de droite ou de gauche) élu à la Présidence française en 2012, il devra son élection à un programme de lutte contre la crise,  le chômage, la misère… et devra quelques mois plus tard faire face au dérèglement de l’économie mondiale, à des guerres civiles en Afrique du Nord et à des émeutes sociales en France et en Europe.

Le Président élu en 2012 devra diriger notre pays lors de la première phase du conflit mondial qui menace. Il a fallu 3 ans pour que N. Sarkozy prenne mesure de l’importance des armées et des missions qu’il leur donne. Un autre candidat que lui nécessitera au moins «2 ans de formation », s’il est particulièrement doué, mais pourra aussi ne jamais s’intéresser à ce genre de problème, le métier de chef plus que tout autre, nécessitant des qualités de caractère et d’ouverture d’esprit que tout le monde ne possède pas.

 

D’un point de vue strictement militaire, ce n’est pas au FMI que l’opposition doit chercher un successeur à N. Sarkozy, mais à l’école de Guerre.

 

 

Annexe.

Lors de la révolte du jasmin, Michèle Alliot Marie a proposé à la Tunisie le secours de gendarmes français, habitués à gérer les crises sans effusion de sang, tandis qu’Hillary Clinton a téléphoné au CEM de l’Armée de Terre tunisienne pour lui « demander » de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants. Sur le fond, les deux messages sont les mêmes : « ne pas tirer sur la foule ».

Ministre des A.E. de la France, M. A. M. s’est exprimée avec les précautions diplomatiques que nécessitait sa fonction. H. Clinton, en téléphonant au CEMAT tunisien a commis une véritable ingérence dans les affaires de ce pays. Elle l’a fait évidemment sur ordre de B. Obama qui a préféré rester dans l’ombre, mais qui lui a demandé de transmettre un message très clair : « Ben Ali a 3 heures pour quitter le territoire tunisien », car ce n’est bien sûr pas de sa propre initiative que le CEMAT tunisien (qui n’a aucune responsabilité sur l’espace aérien) a pu dire à son Président que dans 3 heures cet espace aérien serait fermé. Cette ingérence, en violation du droit diplomatique international, est un acte de guerre.

Les Etats-Unis ne sont évidemment pas à l’origine du suicide du jeune homme à l’origine de la révolte populaire. Mais ils étaient prêts à exploiter les occasions de ce genre.

Les Français aussi étaient au courant de la situation, puisque N. Sarkozy a reconnu que les autorités françaises n’ont rien vu venir, à l’exception des militaires (c'est-à-dire que la DGSE ou le CERM avaient informé le gouvernement et que celui-ci avait décidé de ne pas exploiter).

L’attitude de la France a été légitime, car ce n’était pas à elle de prendre l’initiative d’une crise qui risque de plonger le Moyen-Orient dans la guerre. Il est curieux de voir la gauche pacifiste et parfois antimilitariste en faire le reproche au gouvernement.

 

 

                                               Hervé Le Bideau

                                               Fait à Bressolles, 29 janvier 2011

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