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Propos d'un ancien du SDECE
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11 mars 2013

L'Afrique et la santé de la population

                             L’Afrique et la santé.

 

 

 

 

1-    L’état des lieux.

 

-         Un Africain sur 6 ne parvient pas à l’âge de 5 ans.

-         Ceux qui survivent ont une chance sur deux d’être malnutri, et n’atteignent en moyenne que 48 ans (rapport de l’OMS 12/12/2006).

-         Dans le classement global des systèmes de santé, portant sur 191 pays, ce sont les états africains qui occupent les 15 dernières places (OMS 2000).

-         L’aide internationale est passée de 2,5 milliards de $ en 2000 à 14 milliards de $ en 2006. Dans 12 pays de l’Afrique sub saharienne, 30% des dépenses de santé sont financées par l’aide. Mais, selon le Professeur William Easterly (ancien chercheur de la Banque Mondiale), « le statu quo, c'est-à-dire d’importantes bureaucraties internationales, distribuant de l’aide à d’importantes bureaucraties d’Etat, ne donne pas d’argent aux pauvres ».

-         Selon l’OMS, la plupart des ministères de santé ne disposent même pas des données les plus élémentaires sur la manière dont est dépensé cet argent (de l’aide internationale), rendant ainsi toute question impossible. Ceci génère la corruption, des malversations des ministères jusqu’aux dirigeants qui revendent des médicaments donnés et supposés gratuits.

-         En décembre 2007, la revue médicale « The Lancet » expliquait que « des douzaines de pays les moins avancés avaient menti à propos de leur taux de vaccination pour attirer plus de fonds de l’ONU.

-         Une étude de Maureen Lewis (de la Banque Mondiale) montre comment la corruption dans le secteur de la santé des pays en voie de développement a sapé l’efficacité de l’aide.

-         Selon un article de Claire Arsenault du 20/11/2006, s’appuyant sur le rapport annuel de l’OMS, « Dans une grande partie de la région africaine, il n’y a pas eu d’amélioration, ou très peu, en matière de santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant depuis les années 80. Dans certains endroits, une partie des progrès faits après l’indépendance a été anéantie, admet l’OMS ».

-         Plus de 800.000  Africains reçoivent maintenant un traitement efficace contre le SIDA, soit 8 fois plus qu’en 2003. Mais cela n’empêche pas qu’au moins 90% de la population séropositive ignore porter le virus à cause du coût et de la disponibilité des tests de dépistage.

-         Le personnel médical formé à l’étranger a tendance à s’installer … à l’étranger (comme le disent les Britanniques, il y a plus de médecins malawites à Manchester que dans tout le Malawi.

 

 

 

 

 

 

2-    Quelques progrès malgré tout.

 

- Selon l’OMS, la lèpre et la poliomyélite seraient en voie d’être éradiquées. Il en est de même de l’onchocercose et de la dracunculose. Dans 37 des 46 états de la région, la vaccination contre la rougeole atteint 60% (toujours selon l’OMS).

- Dans la lutte contre le paludisme (350 millions de cas par an), l’Erythrée a réduit de 50% le taux de propagation de cette maladie en distribuant des moustiquaires imprégnées d’insecticide.

- L’Afrique du Sud utilise (depuis 1994) un train médical qui circule à travers le pays à la rencontre des populations rurales.

- En Tanzanie, la culture de l’armoise (utilisée dans la fabrication de médicaments anti paludiques) a été développée au profit d’une Société africaine qui en extrait le principe actif pour le revendre aux laboratoires internationaux.
- Pour pallier le manque d’effectifs du personnel de santé, des pays, dont le Botswana, ont investi dans des programmes de soins communautaires à domicile. Des professionnels de santé dispensent des formations de base à des membres de la famille des malades du SIDA, et leur apprennent comment soigner leur parent malade.

- Enfin, et c’est à la fois un inconvénient et un avantage, la médecine « à l’européenne » cohabite avec la médecine « traditionnelle » des sorciers largement majoritaires dès que l’on s’éloigne des centres urbains. Depuis peu également sont apparu des tenants de la médecine chinoise.

 

 

 

3-    Réflexions sur cette  situation.

 

L’excellent exposé de Jean Claude Barthélémy à la Sorbonne de 19 et 20/11/2007 (communication au mini forum sur la santé des pays en développement) met en évidence la relation de réciprocité qui existe entre progrès de santé et développement économique.

Dans le même ordre d’idées, l’auteur cite 2 chercheurs (Bloom et Canning - 2000) pour qui « une meilleure santé et une espérance de vie plus longue sont autant  d’incitations à investir dans l’éducation dont les rendements sont alors mécaniquement plus élevés.

Le niveau de la santé est donc lié non seulement à celui de l’économie, mais aussi à celui de l’éducation. Mais l’alchimie de ces 3 facteurs ne se réalise que progressivement.
C’est le désespoir du Maghreb (et aussi de nombreux citadins d’Afrique) de constater que la culture à elle seule n’entraîne ni suffisance économique, ni niveau de santé satisfaisant. L’exemple de la « révolution du jasmin » est là pour nous rappeler qu’un bac+5 tunisien en était venu à vendre des produits des 4 saisons pour faire vivre sa famille (3 enfants) et avait fini par s’immoler de découragement face au despotisme cynique de policiers qui profitaient de sa faiblesse pour le rançonner.

Dans la trilogie santé-économie-culture, le facteur qui répond mécaniquement avec le plus de fiabilité est celui de l’économie.

 

Y a-t-il des perspectives économiques favorables pour l’Afrique ?

 

Apparemment oui, puisque ce continent attire par ses ressources le reste de la planète, à commencer par la Chine et l’Europe.

Mais en même temps, on nous assure que la population africaine (780 millions d’habitants en 2005 dépassera les 2 milliards dès 2050 (taux de croissance 256% en 45 ans).

Pour que le niveau de vie augmente (le PNB par habitant), il faut que le PIB global augmente au moins de 256%.

 

Quels sont les moyens d’y parvenir ?

 

Pour que l’Afrique se sorte de la misère économique, culturelle et sanitaire, il faut que son PIB croisse plus vite que sa population.

Mais comme l’Afrique est généralement dépourvue des ressources financières qui lui permettraient d’entreprendre des grands travaux, son développement est lié à l’effort de la communauté internationale, qu’il soit altruiste ou intéressé.

Le seul levier sur lequel les Africains peuvent agir est le contrôle de leur démographie.

Mais demander aux Africains de moins procréer, c’est aller à l’encontre de leur culture, de leurs traditions et (souvent) de leurs religions. C’est leur demander une véritable révolution culturelle ; car il s’agit ni plus ni moins de promouvoir le droit des femmes à ne pas avoir plus d’enfants qu’elles ne peuvent en élever.

Or cette prise de conscience est en train de se faire. Moins du fait des prédicateurs et des religions occidentales, mais par le canal de la télévision, des ordinateurs et de la téléphonie.

Ce n’est que lorsque les Africains auront la lucidité de prendre conscience de leur situation, et la volonté de l’améliorer, qu’ils s’en sortiront.

A ce moment ils pourront connaître une économie vigoureuse, une culture de bon niveau et un appareil sanitaire satisfaisant.

Car on n’a pas l’un sans les deux autres.

Aujourd’hui les distributions gratuites de médicaments soignent l’éphémère. La vente des Iphones initie un véritable changement en profondeur.

 

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Commentaires
L
J'apprécie le style que vous utilisez au cours de l'article, il se révèle accessible et logique.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> francoise
Répondre
R
Un minimum d'infos complémentaires seraient les bienvenues, tant l'article m'a passionné.
Répondre
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