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Propos d'un ancien du SDECE
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12 juin 2013

relations USA/URSS de 1917 à 1945

    LA  PERIODE  1917-1945

 

Le Traité de Versailles provoqua la fin des empires Austro-hongrois et Turcs. Bien qu’affaiblie, ruinée et humiliée, l’Allemagne devint l’unique pôle d’attraction de tous ceux qui, en Europe, étaient mécontents de leurs conditions de vie, et en tenaient les Alliés pour responsables. Elle s’attira aussi la sympathie de tous ceux qui redoutaient que la révolution bolchevique internationale initiée en Russie ne s’étende sur leur propre territoire.

Durant la période d’entre deux guerres, deux principaux torseurs vont façonner l’histoire mondiale : le premier concerne le domaine des forces économiques et commerciales, le second celui des développements idéologiques et politiques.

Or, bien qu’elles aient une vision totalement différente du monde, les deux super-puissances, USA et URSS, n’étaient pas concurrentes dans le domaine économique. Il était logique qu’elles s’entendent au détriment de leurs rivaux respectifs.

Ce n’était pas facile. Cela nécessitait de leur part autant de subtilité que d’audace sans limite. Les résultats obtenus sont stupéfiants.

   Le torseur des forces économiques et commerciales.

 En 1918, il y avait dans le monde 2 millions de voitures et camions pour une population de 1,8 milliards d’habitants.

En 1939, les véhicules seront 47 millions et les humains 2,3 milliards.

Ces chiffres montrent l’importance du pétrole sur l’essor de l’humanité. Trois régions du monde en sont abondamment pourvues : les Etats-Unis, l’Union Soviétique et le Moyen Orient. Par contre, les pays métallurgiques, producteurs des machines, des usines et prospecteurs miniers, sont essentiellement les Etats-Unis et les pays européens (chez ces derniers, l’Allemagne et l’Angleterre tiennent des positions dominantes, qui les placent en situation de rivalité).

Or, les Britanniques sont implantés depuis longtemps au Moyen Orient, en particulier en Iran et en Irak. Pour les industriels et les commerciaux américains, ils sont l’adversaire prioritaire. Le démantèlement de l’empire Ottoman va permettre aux Etats-Unis de prendre pied dans la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Emirats, Oman) aux côtés des Anglais avec qui les rapports vont se détériorer sérieusement (de nombreux experts prophétisaient une guerre imminente entre les USA et l’Angleterre ! et le futur roi Edward VIII en gardera une telle rancune contre les Etats-Unis qu’il prendra le parti d’Hitler et des fascistes !).

La guerre fut évitée grâce à l’accord secret de monopole conclu en 1928 (*1) entre les « quatre sœurs » (Exxon et Mobil côté USA et Shell et BP côté britannique) qui se partagèrent le marché du pétrole, et s’entendirent pour en fixer les prix. Pour la première fois de l’Histoire,  des hommes d’affaires se sont placés au dessus des lois et des Etats, laissant à leurs gouvernements respectifs le soin de gérer les conséquences de leurs décisions dans les domaines sociaux, économiques, militaires etc. … Avec un peu d’exagération, on peut dire que le président des Etats-Unis et le roi d’Angleterre sont devenus, sans le savoir, les Dir. Com. des pétroliers.
La position dominante de l’Angleterre dans la direction des affaires mondiales ainsi contrée, il était de bonne guerre de susciter la montée en puissance de son rival, l’Allemagne.

Cette dernière avait besoin de pétrole. L’URSS (chez qui la Shell et les frères Nobel avaient mis en exploitation des gisements assurant 15% de la production mondiale avant la révolution) subvint à ses besoins.
Le traité secret de Rapallo (1922) marque l’intense collaboration qui va s’établir entre l’URSS et l’Allemagne. (*2)

La première fournit à la seconde le pétrole et les matières premières nécessaires, et met à sa disposition son territoire et sa main d’œuvre. Berlin, à qui le traité de Versailles interdit tout réarmement, s’engage à fournir à l’URSS les équipements  matériels : munitions et pièces d’artillerie de vingt divisions, cinq cents avions de transport moyen et de bombardement Junker, et à réorganiser et moderniser sa flotte de guerre. Bref, l’Union Soviétique, en plus du pétrole qu’elle lui fournit, offre à l’Allemagne la possibilité de reconstituer son armée, sur son territoire, à l’insu des alliés.
La comptabilité de ces échanges de bons procédés est assurée par une société de droit privée qui dispose de bureaux à Berlin et à Moscou : « la compagnie pour la promotion des entreprises industrielles ». Mais la discrétion qui entoure ces pratiques et les fait passer inaperçues des services officiels, ne saurait abuser les grands du pétrole. En effet, les compagnies occidentales qui exploitent les gisements soviétiques sont la Shell et la Standard Oil. La première prendra publiquement position pour l’Allemagne, puis les nazis, jusqu’à ce que des pressions politiques obligent son PDG et fondateur Deterling à la démission, peu avant le début de la guerre.
Quant à la seconde, elle est la propriété de la famille Rockefeller, qui, par l’intermédiaire de la Chase Bank qui lui appartient, crée une chambre de commerce américano-soviétique. Cette dernière négociera les financements des exportations américaines (machines-outils et coton), et se chargera du placement des emprunts soviétiques aux USA.

Mais le groupe Rockefeller ne se contente pas d’aider l’URSS qui aide l’Allemagne, puis le régime nazi. La Chase Bank, aux côtés de la Morgan et de la Warburg, est à l’origine du redressement du groupe  allemand IG Farben qui deviendra dès 1932 la première puissance chimique du monde. Elle fournira aux Allemands (et Soviétiques) les explosifs dont ils ont besoin, et, en collaboration avec Exxon et General Motors, le fuel synthétique destiné à pallier la carence en pétrole des forces de l’Axe. Cette collaboration durera jusqu’en 1941. (*3)

 Si, de 1918 à 1939, l’Allemagne a su se redresser aussi rapidement et acquérir une machine de guerre aussi terrible, c’est parce qu’elle a bénéficié sans limite des appuis complémentaires que  lui ont apporté les USA et l’URSS, en toute discrétion, et en toute connivence.

 

 

 Les torseurs des forces idéologiques et politiques.

 

 

Quelques repères de politique étrangère.

 

 

    Dans un immeuble l’occupant d’un appartement du troisième étage par exemple, aura à souffrir du résident du second qui donne des réceptions bruyantes et tardives, de celui du quatrième dont les enfants turbulents jouent au ballon dans leur chambre située juste au-dessus de celle de son nouveau-né, et éventuellement de son voisin de palier, dont le chien aboie derrière la porte chaque fois que quelqu’un passe dans l’escalier.

    Par contre il n’aura généralement rien à reprocher  à ses voisins des premier et cinquième étages, et c’est avec plaisir qu’il les rencontrera pour faire front contre le  résident qui leur est adjacent.

 

    Il en est de même au niveau des Etats : la France et la Pologne se sont souvent unies contre l’Allemagne ou la Prusse, tandis que l’Espagne a souvent recherché dans les Flandres et aux Pays Bas des alliances pour contrer les agissements de son incontournable voisin français.

    Ces principes de nuisances de proximité tiennent une place essentielle dans toute politique étrangère d’envergure ; celle-ci n’étant que la résultante des actions concertées vis-à-vis de peuples, occupant des territoires immenses, de niveau continental, entreprises de façon constante, pendant des décennies.

 

 

                           Leur application à la situation de 1918.

 

 

L’après 1918 a été marqué en Europe par l’émergence et la création de l’URSS. Comme la Révolution Française l’avait fait en son temps, celle-ci mobilisa contre elle, réflexe d’autodéfense, un grand nombre d’Etats qui se sentaient menacés.

A l’Internationale Socialiste fut opposé le National Socialisme, susceptible de s’opposer au communisme, en utilisant les mêmes méthodes cyniques et totalitaires.

L’Allemagne, si elle adhéra au fascisme bien après l’Italie, fut le principal artisan de la lutte anti-bolchevique.

Là aussi, le principe d’hostilité des frontaliers joua son rôle : les voisins de l’Allemagne (France, Belgique, Hollande, Suède, Danemark, Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche, Suisse) refusèrent de se laisser entraîner dans cette action. A l’exception de la Suède et de la Suisse, qui surent faire respecter leur neutralité, ils furent tour à tour conquis par la force, et connurent des régimes qui acceptèrent de collaborer avec le III° Reich.

 

Hors ces frontaliers, le fascisme allemand trouva des alliances naturelles avec leurs homologues italiens et espagnols, mais aussi avec la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie (qui se joignirent à l’Allemagne dans son offensive contre l’URSS), tandis que la Grèce, la Croatie et la Serbie, récalcitrantes, furent plus ou moins soumises et enrôlées de force.

 

C’est ainsi qu’en Juin 1941, au moment d’attaquer l’URSS, Hitler se trouvait sensiblement dans la position de Napoléon en 1812 face à la Russie : à l’exception de l’Angleterre, il avait derrière lui, avec plus ou moins de résistance, la quasi-totalité de l’Europe.

 

Cette fascisation de l’Europe, et son entrée en guerre contre l’URSS était prévisible dès 1925 (Mussolini devint premier ministre du roi Victor Emmanuel III dès 1922). Mais les pays européens (hors Allemagne), focalisés sur le bouillonnement incessant de l’actualité, n’avaient pas le recul nécessaire pour une vision à long terme. Ce n’était pas le cas des Etats-Unis, ni de l’URSS qui savaient que le choc était inévitable, voire même souhaitable.

 

Concrètement, les deux grands ont aidé et soutenu l’Allemagne jusqu’à ce qu’elle envahisse l’Union soviétique en juin 1941 (l’armée allemande, entraînée et réarmée en URSS, a conquis la France en utilisant du pétrole soviétique).

La collaboration américano-allemande était telle que les Etats-Unis resteront à l’écart du conflit aussi longtemps qu’ils le pourront, se contentant, avec l’aide des britanniques, d’organiser un blocus pétrolier autour de l’Allemagne (mesure qui visait surtout la Shell) et de son allié japonais.

Mais cette apparente neutralité des deux grands  est contredite par des signes avant-coureurs qui ne trompent pas.

 

39-45 : une guerre préparée dès 1927 par les USA et l’URSS.

 

 

Dire que les Etats-Unis sont intervenus en Europe en 1943 pour la libérer de la barbarie, c’est se tromper. Ce sont les Allemands qui ont déclaré la guerre à l’Amérique le 11/12/1941, quatre jours après Pearl Harbor, parce qu’ils étaient en « situation de guerre » avec leurs alliés Japonais.

Si les USA s’étaient déterminés en fonction des droits de l’Homme, (comme ils l’ont laissé croire après la guerre), ils seraient intervenus au côté des Allemands contre les Soviétiques.

En effet en 1941 les exactions nazies n’avaient pratiquement pas commencé, alors que les massacres perpétrés par les soviétiques dépassaient déjà les vingt-cinq millions de victimes (soit quatre fois plus que les exterminations nazies pendant toute la durée de la guerre).

En réalité, c’est conjointement que les alliés russo-américains ont préparé la guerre contre l’Allemagne dès 1927 … huit ans avant que le parti nazi ne parvienne au pouvoir. Car alors que Staline donnait à Hitler les moyens dont il avait besoin pour détruire les armées franco-britanniques, il recevait de Roosevelt l’aide technique et matérielle dont il avait besoin pour écraser l’Allemagne, lorsqu’elle se retournerait contre lui.

 

1925, Staline organise la défaite qui lui donnera la victoire.

 

Une victoire de l’URSS sur l’Allemagne pouvait entraîner trois sortes de réactions de la part des Etats-Unis :

. La première (très improbable), la neutralité. Les Etats-Unis acceptant la création d’un continent communiste (de Brest à Vladivostok), menaçant l’Asie du Sud, avant d’encercler les Etats-Unis, tandis que l’Amérique latine serait la proie de la subversion.

. La seconde (aussi improbable que la précédente), la participation active des Etats-Unis en faveur de l’URSS. Or, l’opinion publique américaine, franchement et viscéralement anti-communiste, la rendait illusoire.

. La troisième, et c’était la hantise de Staline, l’intervention des Etats-Unis aux côtés de l’Allemagne contre les soviétiques, pour libérer les peuples d’Europe soumis à la dictature bolchevique (au nom du culte quasi mystique que chaque américain voue à la liberté), et empêcher l’URSS d’acquérir une dimension qu’il ne serait plus possible de contrôler, ni même de maintenir.

 Aucune de ces trois attitudes n’était favorable à l’Union Soviétique.

Alors, dans le plus grand secret, Staline imagina le seul cas de figure qui allait permettre aux troupes yankees et communistes de se battre ensemble contre les allemands :

Il fallait que les armées soviétiques aillent de défaites en défaites, jusqu’à ce que les Etats-Unis se décident à intervenir contre les Allemands, avant que ceux-ci, victorieux, ne fondent un empire totalitaire de Brest à Vladivostok.

 Aussi lors de l’été et automne 41, les forces de l’axe vont réaliser une extraordinaire progression. Début décembre, il y avait un million de soldats russes prisonniers en Allemagne. Il y avait plus de russes prisonniers que l’armée allemande n’avait de combattants sur le front de l’Est.

C’est en fait une armée soviétique de quatre millions d’hommes que les forces du Reich ont bousculée, en partie détruite et capturée. Rien ne leur résiste, et ils sont tellement sûrs d’eux qu’ils scindent leurs forces : une moitié progressera en Ukraine vers Bakou et son précieux pétrole, l’autre vers Moscou.

Et Staline donne l’ordre d’évacuer Moscou. Staline qui la veille de l’attaque germanique fait fusiller un déserteur communiste allemand venu l’avertir de l’imminence du conflit, en feignant de le prendre pour un agent d’intoxication. Staline, qui parfaitement renseigné par son agent Georges Pâques sur les projets japonais dans le Pacifique et sur la Chine, a le cynisme de faire semblant de redouter une attaque Nippone, et dégarnit son front européen pour masser ses troupes sur la frontière Mandchoue ! Staline qui chaque soir sanglote en prenant connaissance  des comptes rendus d’opérations de ses généraux, avant de s’enfermer dans son bureau, où il s’enivre jusqu’au lendemain…

 

Et puis soudain tout change lorsque les Japonais attaquent les Américains à Pearl Harbor le 0712/41, et qu’Hitler déclare la guerre aux Etats-Unis le 11.Dès lors Staline cesse de sangloter et de s’enivrer. Le démontage des usines de chars lourds et leur déménagement de l’autre côté de l’Oural est interrompu. L’ordre de résister devant Moscou est donné, et le 18/12/41 l’armée allemande connaît sa première déconvenue : elle doit lever le siège de la capitale soviétique.

 

Et dès février 42, commence la bataille de Stalingrad, au cours de laquelle le char soviétique T 34 fait son apparition. C’est un char moyen de 31 tonnes, armé d’un canon de 75.

Les Allemands  disposent  du char léger de 10 tonnes MK 3,( avec lequel ils ont fait la campagne de France, et qui, faiblement blindé, ne dispose que d’un canon de 20), et de quelques MK 4 (Char de 25 tonnes équipé d’un obusier de 50 court, peu perforant).

Lorsque le T 34 entre en scène, les comptes rendus des observateurs allemands sont affolés : « les Soviétiques ont un char si puissant que nos obus ricochent sur lui sans l’abîmer, et qu’il continue d’avancer comme si de rien n’était ».

 

Pour rivaliser contre lui, l’industrie de guerre allemande sortira le Panther, qui équipera la Werhmarcht lors de la bataille du Koursk en juillet 43.

 

Or, à l’ouverture du conflit en juin 41, l’armée allemande ne possède que 2500 MK 10, alors que l’armée rouge dispose de 3500 T 34. Ils ne seront utilisés que lorsque Staline aura eu la certitude que les USA sont définitivement entrés dans le conflit, contre les Allemands.

Pire, le T 34, comme son nom l’indique, a été adopté en 34, ce qui veut dire que la fabrication des pré-séries a débuté en 34.

Si l’on considère que ce blindé sera suivi du T 55 (vingt et un ans plus tard), dont les études ont commencé au lendemain de la guerre (en 45), et qu’elles ont duré dix ans, on peut logiquement en conclure que l’élaboration de ce char, destiné à écraser l’armée allemande, a commencé vers 1925, dès le fin de la guerre civile !

Or, depuis 1922, la coopération militaire entre l’URSS et les Allemands amène leurs états-majors respectifs à se poser la question du char à construire pour le conflit futur : char léger (classe 15 tonnes) ou char moyen (classe 30 tonnes). Les Allemands privilégient la guerre de mouvement et marquent leur préférence pour les faibles tonnages. En effet, à cette époque, la vie des blindés était de 5000 km pour les légers, et de 3000 pour les lourds. Les seconds coûtaient 2 fois plus chers, étaient moins rapides, moins agiles en terrain difficile, moins fiables…  Bien informés des projets des Allemands qui fabriquaient les MK3 en URSS, les Soviétiques choisirent le matériel apte à écraser ce blindé et s’orientèrent vers un char moyen (31 tonnes) au blindage renforcé (45 mm), équipé d’un moteur de 500 CV, muni d’un redoutable canon de 76,2 mm, et d’un train de roulement Christie (brevet britannique) qui lui assure une excellente mobilité et une grande vitesse sur route (50 km/h). Construit en série dès janvier 1940,  le T34 est la réplique du char américain Sherman de 33 tonnes, dont le blindage est de 50 mm, (70 mm de face), possédant un canon de 75 mm, capable de se déplacer à 40 km/h,  et lui aussi très manoeuvrable grâce à un train de roulement à bogies.

Dès le début des années 30, les Américains et les Soviétiques ont orienté leurs recherches vers le même but : créer un char capable d’écraser les blindés légers allemands. (Ce qui fut réalisé en 42/43 à Stalingrad pour les Soviétiques et en Tunisie à la même époque pour les Américains).

Ces matériels jumeaux, T34 et Sherman, firent la totalité de la guerre 42/45, à la différence des blindés allemands qui furent remplacés précipitamment par les Panther (plusieurs versions) puis par les Tigres  qui pouvaient rivaliser avec eux, mais qui eurent à livrer des combats inégaux à 1 contre 10.

Pour que ces blindés, américains et soviétiques, puissent sortir en série dès 1940, il fallait que les usines de productions aient été construites avant, les études faites, les problèmes de mise au point réglés, les essais comparatifs des différents prototypes effectués.

C’est donc dés 1930 que l’URSS et les USA, chacun de leur côté, vont concevoir les machines à broyer l’Allemagne, T34 pour les premiers, et Sherman pour les seconds.

   Pourtant, à cette époque, Hitler et les fascistes n’étaient pas au pouvoir ! (Ils n’y parviendront qu’en 1933).

Staline sait voir loin. Il sait que la guerre contre une coalition européenne, dirigée par l’Allemagne est inévitable. Il se donne donc les moyens matériels (terrestres, mais aussi aériens) de la gagner.

Il sait aussi qu’une intervention américaine en sa défaveur conduirait à l’écrasement de l’Union Soviétique.

Il faut donc que les armées soviétiques soient battues en début de conflit, jusqu’à ce que les USA soient amenés à entrer en conflit contre les Allemands.

 

Mais l’Union Soviétique, en 34, est commandées par des chefs prestigieux et compétents, sous l’autorité du maréchal Toukhatchevski. Il faut donc les neutraliser, car il est à craindre qu’ils refuseront de laisser massacrer leurs troupes alors que la victoire sera à portée de main.

Dans aucune école militaire, on apprend qu’il faut savoir perdre des batailles pour gagner des guerres.

 

Alors, en même temps qu’il lance la construction en série du T 34, la machine à broyer l’Allemagne, Staline charge son service de contre-espionnage d’infiltrer les services de renseignement allemands.

Très rapidement un grand nombre d’officiers et de responsables soviétiques sont en contact avec des officiers et des fonctionnaires des services germaniques. Et ces agents soviétiques, naturellement, agissent avec le soutien de leur hiérarchie, jusqu’au niveau le plus élevé.

 

En 36, Staline dénonce un complot contre l’Union Soviétique, puisque des officiers du contre-espionnage entretiennent des contacts avec l’adversaire. Une enquête est ouverte, qui démontre que ceux-ci agissaient sous couvert de leurs hiérarchies respectives, jusqu’au niveau le plus élevé de l’armée.

Accusé de trahison, le maréchal Toukhatchevski sera fusillé en 37, et avec lui trois mille généraux et colonels de l’armée rouge. Dès lors Staline sera le maître du jeu. Ses armées seront battues quand il le jugera nécessaire, et ne seront victorieuses que lorsqu’il le jugera utile.

 

 Roosevelt (démocrate),  Hoover (républicain), même combat.

 

L’analyse de Roosevelt, avant le conflit, rejoint celle de Staline sur de nombreux points, et parvient aux mêmes conclusions, avec des cheminements différents.

 

Dès les années 20-25, il apparut clairement que la paix issue du traité de Versailles durerait peu, et qu’une nouvelle guerre mondiale était prévisible à moyen terme. Pour F. Roosevelt, démocrate, l’important n’était pas de gagner la guerre, mais de supprimer les causes de la guerre. Et, selon ses estimations, celles de la première guerre mondiale et de celle qui suivrait tenaient au fait d’une Allemagne trop puissante qui déséquilibrait toute la politique européenne ; chaque Etat étant finalement obligé de se déterminer en se déclarant son allié ou son adversaire.

Rompant avec le manichéisme forcé, la solution imaginée par F. Roosevelt consistait à couper l’Allemagne en deux.

 

Deux armées, l’une issue des républiques socialistes soviétiques, l’autre des Etats du monde libre, écrasant l’Allemagne, et faisant leur jonction à Berlin, constituaient selon lui les conditions d’une paix durable en Europe, et donc dans le monde. Mais ce projet se heurtait à de nombreux obstacles :

. L’opinion publique américaine était violemment anti communiste. Ford, et de nombreux groupes industriels, étaient favorables aux Allemands, Lindbergh profitait de la tribune mondiale que lui offrait sa traversée de l’Atlantique en 1927 pour faire l’apologie de l’Allemagne ;

. L’immigration germanique aux USA était importante, et constituait un groupe de pression réel.

. La finance américaine avait investi dans l’industrie d’armement allemande.

. Les théories racistes nazies trouvaient un écho favorable chez les adeptes du Klu Klux Klan.

. Les exactions nazies, avant guerre, étaient peu nombreuses, et quasiment ignorées du grand public, alors que les massacres – génocides -, et les violations des droits de l’Homme, en Union Soviétique, mais aussi dans le monde entier, perpétrés par le NKVD étaient connus de tous.

. Enfin le National-Socialisme rencontrait des sympathies européennes, puisque le roi Edouard VIII (en 36) était favorable aux fascistes, et qui plus est aux Allemands, tandis que Oswald Moosley (ministre travailliste de 29 à 31) fondait le parti fasciste anglais (après son abdication, Edouard, devenu duc de Windsor, fut nommé en 40 gouverneur des Bahamas, où il continuait à faire une propagande éhontée au profit de l’Allemagne).

 

Le roi Edouard VIII joua par deux fois contre la France un rôle déterminant. En fonctions, de janvier à septembre 36, il déclara, lorsque Hitler envahit la zone démilitarisée de la Rhénanie (07.03.36) que l’Angleterre n’allait pas déclarer la guerre à l’Allemagne pour avoir récupéré ses territoires. Isolée, la France ne réagit pas. Hitler dira plus tard que si la France avait envoyé deux régiments en Rhénanie, il aurait été obligé de se retirer, et que cela aurait mis fin à sa carrière politique. (*4) Deux mois plus tard, cette reculade sera sanctionnée par la victoire du Front Populaire.

Il fut d’autre part directement responsable de la défaite de 1940. Les Allemands, impressionnés par la ligne Maginot, envisageaient, pour envahir la France, de passer par la Hollande et la Belgique. Aussi, durant les premiers mois de 1940, les forces franco-britanniques étaient-elles massées à la frontière franco-belge, prêtes à pénétrer en Belgique dès que les Allemands entreraient aux Pays-Bas. Pendant la drôle de guerre, l’ex Edouard VIII, devenu duc de Windsor, se fit nommer inspecteur général des troupes franco-britanniques. Au cours de ses nombreuses inspections de la ligne Maginot, il se rendit compte que cette défense réputée imprenable présentait un point faible à Sedan, où la ligne de défense n’était pas tenue dans la profondeur. Il suffisait de faire sauter le verrou interdisant le passage, pour que la route de Reims soit ouverte. C’est lui qui décida Hitler à engager les blindés de Guderian à Sedan (après un simulacre d’invasion de la Hollande, qui eut pour effet de déclencher le mouvement des franco-britanniques en Belgique, où les Allemands les prirent en revers dans la Somme). (*5)

 

Pour que l’impossible puisse se faire, c'est-à-dire que les armées des Etats-Unis (pays de la liberté) et de l’Union Soviétique (dictature totalitaire) puissent se retrouver dans le même camp, il fallait procéder par étapes.

 

Il fallait d’abord que les troupes soviétiques soient, dans un premier temps, battues par la Werhmarcht, sinon rien ni personne n’auraient pu empêcher les Etats-Unis d’intervenir en Europe, même aux côtés des Allemands, pour empêcher la soviétisation du continent.

Ensuite il fallait attendre qu’une agression japonaise fasse basculer les USA dans la guerre contre les Allemands.

Mais pour que cela ne dure pas trop longtemps, en début 1941, les pétroliers Anglais et Américains décidèrent un embargo à l’encontre du Japon… qui devint alors dépendant des livraisons soviétiques. Ce qui n’était pas contre nature, puisque le pacte de non agression germano-soviétique était toujours d’actualité. D’ailleurs ces mêmes Soviétiques avaient permis aux Allemands en 1940, de mener à bien la guerre contre la France, en leur fournissant le pétrole dont ils avaient besoin.

Mais le 22.06.41 l’Allemagne attaqua l’Union Soviétique, qui, très logiquement cessa ses livraisons pétrolières, aux Allemands bien sûr, mais aussi à leurs alliés japonais. A cette époque, l’armée de l’Empire du soleil avait six mois de réserve. Il lui fallait donc, dans ce délai, obtenir la maîtrise du Pacifique, pour s’emparer des puits chinois et indonésiens

 

Pearl Harbor fut l’événement que Roosevelt attendait. L’odieuse attaque par surprise de la flotte du Pacifique fut déterminante.

Certains se sont étonnés de ce que les porte-avions américains (dont la destruction aurait donné aux Japonais la maîtrise du Pacifique pour plusieurs années) aient tous été absents de la base lors de l’attaque. Des généraux américains ont même accusé le haut commandement de ne pas avoir exploité les informations faisant état de l’attaque japonaise, et d’avoir délibérément privé de protection la garnison de Pearl Harbor.

Ils ont été déboutés, mais non inquiétés. Il est cependant impossible de ne pas se poser la question.

Mais Pearl Harbor, à elle seule, n’aurait pas suffit à la réalisation du projet de Roosevelt : la jonction des armées alliées à Berlin.

 

Car onze mois après Pearl Harbor (le 07/11/42) les forces américaines débarquent en Afrique du Nord, simultanément sur les côtes marocaines et algériennes. Ils ont avec eux un système d’armes impressionnant, qui va équiper la moitié des armées de la planète pendant plus de trente ans :

. la Jeep Willis, 4X4 aussi à l’aise au Sahara qu’au Pôle Nord, dont le succès sera mondial.

. le GMC (court, long ou citerne) d’une aisance remarquable grâce à ses dix roues motrices.

. des blindés (Sherman), des engins semi-chenillés (Half Track ) mondialement connus.

. une artillerie tractée (par GMC) ou autoportée (blindée), utilisant des avions légers d’observation (les fameux Piper) alors que pour toutes les autres armées du monde entier l’artillerie était encore hippomobile.

. une aviation de transport et de largage utilisant les fameux DC 3 Dakota (ils serviront dans la Postale française jusqu’en 1980 !).

. une aviation de bombardement impressionnante, avec ses Boeing B 17 et B 29.

. une aviation de chasse qui lui assurera la maîtrise de l’air sur tous les théâtres d’opérations où elle sera engagée.

. une  marine de guerre utilisant de façon révolutionnaire et massive les porte-avions et s’assurant la maîtrise des mers grâce à ses sous-marins nombreux et performants.

 

Tous ces matériels avec leurs munitions, leurs rechanges, leurs doctrines d’emploi, produits en nombre suffisant, mais sans gaspillage… tout cela n’a pu se faire dans l’improvisation au lendemain de Pearl Harbor. Si au lendemain de l’attaque surprise japonaise, l’Amérique est prête à la guerre, c’est parce qu’elle a commencé à se préparer au combat quinze ans auparavant, dès 1925.

Or en 1925, les nazis n’étaient pas au pouvoir en Allemagne (ils n’y seront qu’en 1933) et Roosevelt n’était pas président des USA (il ne le sera qu’en 1933, la même année).

 Dès 1927, ce n’est pas une guerre abstraite et indéterminée que les USA vont préparer, mais bien la guerre contre l’Allemagne.  

 

 

Wallis Simpson (du nom de son premier mari) fut successivement l’épouse de deux officiers de l’aéronavale américaine. Elle s’engagea en 1923 (*6) dans l’OSS (organisation des services secrets américains, avant la CIA) qui l’envoya en mission en Chine. Officiant dans les maisons closes de luxe de Shanghai, elle excella rapidement dans l’art de redonner vigueur aux vieux messieurs défaillants. (*7) En 1925, elle rencontra le comte Ciano (ministre des Affaires Etrangères italiennes, gendre de Mussolini) sur qui elle fit une très grosse impression. Grâce à lui, elle entra ultérieurement en contact avec tous les dignitaires fascistes (Hitler lui offrit un briquet en or, orné de la croix gammée). (*8)

Or, en Angleterre, Edouard (futur Edouard VIII), fils aîné du roi George V, bien que jeune n’appréciait que la compagnie des femmes expérimentées (il ne fréquentait que les femmes mariées). De plus il était favorable à l’Allemagne, et ne cachait pas son penchant pour les théories fascistes (sous son règne, en 36, Sir Oswald Moseley, plusieurs fois ministre –travailliste jusqu’en 31- fonde le parti fasciste anglais).

 

En succédant à son père George V, Edouard risquait de faire basculer l’Angleterre dans le camp allemand. Dans ce cas la future guerre qui s’annonçait serait celle de l’Europe contre l’Union Soviétique, ce qui était la crainte de Staline… et des Américains.

 

Aussi dès 1929, Wallis Simpson quitta Shanghai et vint s’installer à Londres, en compagnie de son second mari (puisque Edouard ne fréquentait que des femmes mariées) pour être présentée à ce dernier. Elle en devint rapidement la maîtresse, tandis que Ernest Aldrich Simpson regagnait les Etats-Unis. Mission terminée.

En 1936, Edouard accéda au trône. Wallis divorça de son second mari, et le roi fit connaître son intention de l’épouser.

 

La constitution anglaise prévoyant que le souverain ne pouvait pas épouser une divorcée, restait la possibilité d’un mariage morganatique.

Il fallut toute la ténacité et l’habileté du premier ministre conservateur Stanley Baldwin pour amener le roi à faire ce qu’il croyait être une fausse sortie… George VI lui succéda. Hitler venait de perdre la guerre avant qu’elle ne commence…

 

C’est donc vers 1925 que Staline et les Etats-Unis ont préparé la guerre contre Hitler. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agissait pas d’une guerre contre les nazis (qui ne seront au pouvoir que huit ans plus tard), mais bien contre l’Allemagne. Et, concernant les Etats-Unis, ce choix n’était pas seulement celui du seul démocrate F. Roosevelt (dont un des conseillers personnels était un proche du NKVD), mais aussi de ses prédécesseurs républicains Calvin Coolidge (1923-1929) et Herbert Clark Hoover (1929-1933).

 

43-45 : le dénouement.

 

Les Etats-Unis en guerre contre l’Allemagne envoient trois armées débarquer simultanément à Casablanca, Oran et Alger, le 07/11/42. Après quatre heures de combat les forces françaises d’Algérie (aux ordres du général Juin depuis la révocation du général Weygand par Hitler en 41) se rallient aux Américains. Avec l’aide de ces derniers, le général Giraud équipe cinq divisions, qui jointes aux cinq divisions américaines, vont se porter en Tunisie au devant du maréchal Rommel (le général Giraud, commandant en chef des forces françaises d’Afrique du Nord, reçut pour la campagne de Tunisie le commandement des 1° et 34° divisions d’infanterie américaines. Cette armée reçut le choc de l’Afrikakorps qu’elle brisa définitivement début mai 43, les rescapés allemands étant capturés…à l’exception de Rommel qui regagna Berlin pour rendre compte de sa mission. Ayant commandé en chef victorieusement des armées françaises et américaines sur un théâtre d’opération stratégique, le général Giraud est le seul des officiers français de la seconde guerre mondiale qui aurait du être nommé maréchal).

 

En juillet 43 les Américains et les Britanniques débarquent en Sicile, et en septembre les Alliés débarquent en Italie. Le général Juin commande le corps expéditionnaire français sous l’autorité du général Giraud, chef des armées. Et là, Staline va s’inquiéter.

 

Car Giraud, ancien professeur à l’Ecole de Guerre, a enseigné à plusieurs promotions les mérites de la campagne du général Franchet Desperey en 1918, qui après avoir battu l’armée bulgare, avait remonté la vallée du Danube, et, à vingt quatre heures de prendre Vienne, avait contraint l’Autriche à une paix séparée. L’Allemagne avait capitulé le 11 novembre, non pas parce que les Alliés étaient entrés en Belgique, mais parce que son front sud-est s’effondrant, elle allait être prise à revers. Aussi, dès la capitulation de l’Italie le 08/09/43, Giraud envisage-t-il un débarquement allié dans les Balkans. Il bénéficie de l’appui de Churchill, du maréchal Alexander (Britannique, chef des troupes alliées en Italie) et du général Patton.

Ce plan, s’il est exécuté, amènera la capitulation de l’Allemagne vers mai 44. Or si cela se produisait, à la fin de la guerre, l’Union Soviétique retrouverait ses frontières de 41, et Staline verrait disparaître ses espérances sur les trois pays baltes, la future RDA, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, la Yougoslavie et la Pologne.

Aussi, avant la conférence de Téhéran (18/11/43), Roosevelt sera contacté d’un côté par Churchill qui lui écrit (lettre du 07/10/43) « on s’apercevra que les péninsules italienne et balkanique forment un tout, militairement et politiquement et qu’en réalité nous avons affaire à un seul théâtre d’opérations » (*9), et d’un autre côté par Staline qui le presse d’ouvrir un second front en France. En échange, il lui propose d’attaquer le Japon dès la fin des opérations en Europe, et la dissolution du Kominterm (*10). Churchill n’avait rien deviné de l’accord tacite qui liait Roosevelt à Staline, contrairement à De Gaulle et à Franco qui grâce à cela sauva son régime. Il restera le grand berné de la deuxième guerre mondiale.

 

Roosevelt bien sûr se rangea du côté de Staline à la conférence de Téhéran. Mais on peut dire qu’il avait déjà pris sa décision bien avant puisque dès l’établissement de la tête de pont en Italie, Giraud sera privé des ressources militaires indispensables à la réalisation de son plan, et dès la capitulation italienne, Patton (qui dirige les forces blindées américaines, et qui au cours des campagnes de Tunisie, de Sicile et d’Italie a eu des dizaines de milliers de morts sous ses ordres, se voit déchu de son commandement pour avoir giflé un déserteur).

 

De Gaulle (qui a fait partie de la promotion de l’Ecole de Guerre de 1924,, et qui lui aussi connaît la campagne de Franchet Desperey) sent immédiatement que le vent tourne, et le 01/10/43 il évince Giraud du Comité Français pour la Libération Nationale dont il était co-président (sous le prétexte qu’on ne pouvait pas être à la fois chef des armées et à la tête du CFLN). Le 04/04/44 il se nommera chef des armées –à la place de Giraud -, au prétexte cette fois qu’il était indispensable que le président du CFLN soit aussi le chef des armées…).

Le plan Giraud aura la vie dure, puisque Juin l’expose au général Clark (commandant en chef du corps américain en Italie) qui l’approuve, et le soumet à Marshall, alors même que le débarquement de Normandie est en cours. A bout d’arguments ce dernier ne s’en sortira qu’en avançant la date du débarquement de Provence…

 

Du coup la libération de la France va prendre de l’avance, et le souci majeur des Américains, après les très durs combats du débarquement, sera de perdre du temps, pour laisser les Soviétiques s’approcher de Berlin.

Ainsi avant la campagne des Ardennes, vont-ils attendre l’arrivée de l’armée de de Lattre (qui remonte la vallée du Rhône en direction de Strasbourg). Une contre-offensive allemande va permettre à Patton de bousculer le planning, et d’exploiter vers le Rhin. Strasbourg sera libérée en décembre 44 et les Américains prétexteront la difficulté qu’il y avait à traverser le fleuve pour attendre (pendant ce temps les Soviétiques assistent au massacre de l’insurrection de Varsovie, et ne prendront la ville qu’en janvier 45). Hélas pour les Américains, de Lattre s’aperçoit que la rive est du fleuve n’est pas défendue, et sans ordre, il fait traverser ses troupes de nuit sur des bateaux pneumatiques.

Les Américains sont naturellement obligés de suivre, mais dès lors les Français et Anglais sont relayés en deuxième ligne. Arrivés à 200 Km de Berlin, ils resteront l’arme au pied sans combattre de mars à mai 45 en attendant que les Soviétiques leur annoncent leur arrivée à Berlin.

 

Ce message n’arrivera jamais. Après s’être emparés des Etats baltes (et avoir échoué en Finlande) et des futurs états satellites de l’URSS, l’armée rouge estime qu’elle a exploité au maximum la naïveté américaine. Et brutalement, elle qui n’avançait que de 5 Km par jour (elle suivait le pas des commissaires politiques, pour qui conquérir voulait dire soviétiser : après la prise d’une localité, ce n’est que lorsque des responsables d’îlots, de quartiers, de rues, d’immeubles et de paliers avaient été nommés, instruits et testés, que le commandement était autorisé à continuer sa progression), brutalement, en 48 heures, elle effectue un vaste mouvement en tenailles de quatre cents kilomètres de diamètre, à rendre jaloux le général Guderian.

   Côté américain Patton se rend compte de la manœuvre, et à la tête d’une seule division blindée, fonce sur Berlin, tandis que l’étau soviétique se resserre derrière lui. Ainsi naîtra le problème de Berlin, ville libérée par les Alliés (pour peu de temps encore), deux cents kilomètres à l’intérieur du rideau de fer.

 

Deux mois après sa mort, le désir de F. Roosevelt se réalisait : la moitié de l’Europe était livrée à Staline. La paix mondiale semblait assurée pour cinquante ans. Deux ans plus tard, la crise de Berlin risquait de déclencher une troisième guerre mondiale, qui ne fut évitée que parce que les Soviétiques ne possédaient pas l’arme nucléaire. Roosevelt s’était trompé sur la paix durable, et Staline avait empoché les bénéfices de cette bévue. Les règles du jeu ayant changé, dans la période qui va suivre, de 1945 à 1970, la complicité USA-URSS va céder la place à la défiance et aux coups bas.

 

 

 

 

 

 

                

 

 

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