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Propos d'un ancien du SDECE
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29 septembre 2013

on veut diviser les chrétiens et les musulmans

Un peu de stratégie.

 

Il n’y a pas qu’en Syrie que l’on efforce de diviser les chrétiens et les musulmans. Je crois au contraire que cela fait partie de la stratégie à moyen terme des Etats-Unis.

Historiquement, c’est le pétrole qui a amené les USA à prendre pied au Moyen Orient. Ils ont toujours apporté un soutien sans réserve aux producteurs dont la population était faible : faute de pouvoir utiliser leurs ressources au profit de leurs citoyens, ils étaient naturellement obligés de les recycler dans le système américain. Les autres étaient des rivaux qu’il fallait abattre.

A moyen terme, le pétrole du Moyen Orient aura perdu beaucoup de son importance, épuisé par la terrible consommation des pays émergeants, et remplacé par les gaz de schiste et pétroles bitumineux.

 

Dans le même temps, l’augmentation de la population de la planète et le tarissement  des ressources minières traditionnelles risquent de provoquer des crises technologiques, économiques et financières, propices à des conflits généralisés.

Dans cette hypothèse, la Chine sera la principale menace à laquelle les Etats-Unis devront faire face.

 

Mais d’ici-là, à court terme, le principal adversaire des Américains, qui les gêne dans leur leadership sur le monde et leur prend des parts de marché dans leurs secteurs privilégiés (atome, défense, aéronautique et espace), c’est l’Europe.

 

Plus les Européens auront des difficultés, mieux les USA se porteront. Et comme l’Europe héberge plusieurs dizaines de millions de musulmans, tout conflit qui l’oppose à des états islamiques risque de provoquer chez elle des tensions sociales, génératrices de troubles sociaux, voire insurrectionnels.

 

L’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Mali, la Syrie sont autant d’occasion de dresser les chrétiens contre les musulmans, pour le plus grand profit des Américains.

Les révolutions du « printemps arabe », qui ont mis les Frères Musulmans au pouvoir, la guerre contre les islamistes au Mali, l’alliance avec eux en Libye et en Syrie, s’inscrivent dans un cadre parfaitement logique, si l’objectif de nos alliés américains, est de dresser les deux communautés l’une contre l’autre. Au contraire, ces événements seraient le fruit d’une attitude complètement  inconséquente de leur  part, s’il en était autrement.

 

L’histoire nous enseigne que les Etats-Unis savent voir loin, et qu’ils ne sont jamais inconséquents. C’est donc bel et bien un élément important de la stratégie mondiale américaine que le peuple syrien, regroupé autour de son président, est en train de mettre en échec.

 

Parmi les nombreux dirigeants qui ont gouverné la France depuis 150 ans, deux seuls méritent le qualificatif de stratège : Jules Ferry et de Gaulle. Tous les autres, ne se sont intéressés qu’aux problèmes domestiques de notre pays, sans être capables d’influer sur sa destinée.

Le premier (Jules Ferry) a passé la moitié de son temps et de son énergie à doter la France d’un empire dit colonial. Le second (de Gaulle), qui a hérité du travail au premier (dans son appel du 18 juin, il dira : « la France a perdu une bataille, mais elle n’a pas perdu la guerre. Il lui reste l’Empire… ») a passé la moitié de son temps et de son énergie à défaire l’empire qu’il avait reçu.

 

Les pessimistes diront que +1et -1 égalent zéro, et que ce n’est pas la peine de se mêler de stratégie pour arriver à si peu de choses.

Les optimistes, dont je suis, leur répondront qu’il faut vivre avec son temps.

 

De Gaulle a eu raison de décoloniser (ce qui n’excuse nullement la façon dont il a traité les harkis et les pieds-noirs), car il ne pouvait pas faire autrement.

 

De Gaulle était un stratège. Il avait compris l’alliance tacite qui liait les USA et l’URSS depuis la naissance de cette dernière. Il avait compris aussi que cette alliance se briserait après la défaite de l’Allemagne (c’est Kroutchev qui a commis la folie d’entraîner l’URSS dans une lutte à mort contre les Américains). Mais de Gaulle pensait que cette confrontation tournerait à l’avantage des Soviétiques. Et il s’est trompé. En s’opposant aux Américains prématurément, il a perdu le pouvoir.

 

Depuis son départ, la France s’est toujours  située dans le camp atlantique, sans équivoque. Cela a été légitime, tant que nous étions dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, et de ses conséquences.

 

Mais nous sommes aujourd’hui dans celui de la guerre suivante, ou au moins dans ses prémices. Et la réalité est que si les Etats-Unis et la France resteront des amis « pour le meilleur et pour le pire », la Russie n’est plus l’ennemi prioritaire que l’Union Soviétique était devenue.

L’hostilité qui sépare actuellement ces deux états fédéraux n’est plus stratégique, mais seulement tactique : nous rapprocher de Moscou ne risque pas de faire de nous des ennemis des Américains ; mais cela peut nous permettre d’éviter la spirale de violence dans laquelle les USA sont en train de nous entraîner, en particulier par leur politique au Moyen Orient.

 

De Gaulle a eu le tort d’avoir raison trop tôt. Mais sa vision stratégique est aujourd’hui adaptée à la situation. C’est en 2013, et non pas en 1968, que l’alliance avec la Russie devient une nécessité pour l’avenir de notre pays.

 

 

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