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Propos d'un ancien du SDECE
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18 août 2014

le matérialisme sera-t-il étenellement la stratégie réelle des USA?

Le matérialisme sera-t-il éternellement la stratégie réelle des USA ?

 

 

Les Américains se sont servis de l'Union Soviétique pour affaiblir économiquement l'Europe et l'Angleterre avant de s'en débarrasser lorsqu'elle devint trop menaçante.

Dans la lutte USA/URSS, les premiers l'emportèrent, parce qu'ils étaient meilleurs dans leur vision matérialiste du monde : les Soviétiques utilisaient la tonne comme unité de mesure de leur entrprise, et les Américains le dollar.

 

Or ce qu'on peut acheter est beaucoup plus important que ce que l'on peut fabriquer. La vertu, la trahison, les œuvres d'art, la technologie de pointe, … ont un coût monétaire, qu'aucun troc de matières premières ne saurait remplacer.

 

La politique des Américains est dictée par les marchés. Cela tient à leur puissance industrielle et agricole. Dans ces domaines, leurs capacités de productions sont telles que, s'ils les utilisent sans retenue, les marchés se trouvent saturés, et les prix s'effondrent. Et lorsque cela se produit, les dégats sont considérables : non seulement les faillites se multiplient, mais les recettes de l'Etat séeffondrent, les fonds de pension ne peuvent plus honorer leurs dettes vis à vis des retraités, l'industrie automobile est menacée de faillite, Detroit se trouve en cessation de paiement, le marasme se développe, et la crise s'installe.

 

Inversement, lorsque les marchés sont porteurs, les profits sont immenses : l'argent coule à flots, les investissements dopent la croissance, il y a de l'argent pour la recherche, pour les Universités, pour la Défense, pour la haute technologie, la médecine, et même le secteur social finit par profiter des retombées de l'économie.

 

Les Etats-Unis ont connu un bonheur sans partage jusqu'à la fin des années 60, date à laquelle leurs échanges pétroliers sont devenus déficitaires. Or ils avaient la ressource nécessaire à leur indépendance énergétique, sous forme de gaz de schiste et de pétrole bitumineux. Seulement leur extraction était coûteuse : il fallait fracturer la roche, envoyer des liquides sous pression, récupérer, traiter, conditionner, pour les premiers.

Pour les seconds, il fallait déboiser, creuser, chauffer les sables à plusieurs centaines de degrés, filtrer, épurer et transporter.

Toutes ces opérations sont gourmandes en énergie. Pour produire deux tonnes d'équivalents pétrole, il faut en consommer une.

 

Bref, la rentabilité des hydrocarbures de seconde génération exigeait que les cours du pétrole se stabilisent au-dessus de la barre de 100$ le baril. Cela devait nécessairement arriver : il suffisait d'attendre que le « pétrole naturel » connaisse son pic de production. Mais cela demandait du temps, et pendant ce temps-là, l'économie américaine souffrait dangereusement. Il fallait donc « précipiter  les événements ». Cela fut fait dès la mise à terre de l'Union Soviétique. En imposant la mondialisation à ses alliés occidentaux (soit ils investissaient dans le marché asiatique, soit ils disparaissaient), la Chine devint, dès le début des années 2000, le second importateur de pétrole.

 

La crise financière de 2008 fit bondir le prix du baril de 30 à 150$. Il retomba ensuite à 40$ avant de se stabiliser à plus de 100$. Dès 2012, les USA retrouvèrent leur indépendance énergétique, grâce aux hydrocarbures de seconde génération. Mais ce niveau élevé des prix repose sur une conjecture particulière : embargo sur le pétrole iranien, neutralisation partielle de la production irakienne, arrêt quasi total de celle de la Lybie, guerre au Sud Soudan, exactions au Nigeria, insécurité au Congo.

 

Qui souffre de ce conflit ? Pas l'économie américaine, qui comme par hasard bénéficie de ses accords passés avec l'Arabie Saoudite et le Koweit.

 

Mais, toujours comme par hasard, celle de l'Europe est frappée de plein fouet. Et comme cela ne suffisait pas, la guerre en Syrie perturbe les approvisionnements européens en gaz du Qatar.

 

Enfin, cerise sur le gâteau, les tensions entre l'Occident et la Russie gèlent les échanges commerciaux entre ces deux communautés : 440 milliards de $ de perte pour les échanges Russie/Europe, et 27 milliards pour ceux de la Russie/Etats-Unis.

Ces mesures sont accompagnées d'embargo sur les livraisons d'armes, et les transferts de haute technologie, en particulier celles liées au secteur pétrolier. Mais (comme par hasard toujours?), cela ne concerne nullement les activités de recherche des hydrocarbures, menées conjointement par la Russie et les USA sous la calotte arctique...

 

Qui fait les frais de ces « sanctions » ? Pas la Russie: elle vendra son gaz à la Chine, et achètera ses légumes en Israël, ou en Amérique Latine, pour le plus grand profit de « United Fruit Company ».

C'est l'Europe qui perd 2 fois : elle perd la marché agro-alimentaire qu'elle avait en Russie, et les approvisionnements en gaz et pétrole en provenance de son voisin de l'Est. Et cela au moment où Greenpeace (dont le financement américain est patent), à l'issue d'une longue entreprise d'action psychologique parvient à amener l'Allemagne à renoncer au nucléaire, et la France à limiter l'usage de cette énergie, à refuser non seulement l'exploitation du gaz de schiste, dont elle est largement pourvue, mais même l'autorisation de faire des recherches sur ce sujet.

 

 

Bien sûr, ce raisonnement semble iconoclaste : lorsque l'on considère les conflits du Moyen-Orient, de l'Ukraine et de l'Afrique, la décence veut que l'on songe d'abord à tous ces peuples martyrisés et aux innocents injustement sanctionnés. Mais c'est justement la marque de fabrique des Etats-Unis que de dissimuler leurs crimes de guerre derrière les exactions de leurs adversaires (exterminations des peuples améridiens par les braves colons du Far west, bombardement systématique des populations civiles pendant la seconde guerre mondiale, intervention dans l'Etat neutre du Laos, qui reçut pendant la guerre du Vietnam plus de bombes américaines que les Etats-Unis n'en ont lâchées entre 1941 et 1945 sur l'Allemagne et le Japon réunis.

 

 

La surpopulation de la planète, l'épuisement de ses ressources minières, et les dérèglements climatiques rendent nécessaire une concertation mondiale, si l'on veut éviter que l'Humanité ne connaisse un catastrophique retour en arrière.

La mondialisation du commerce devra être complété par celle de l'Economie, de l'écologie, de la sécurité, de la santé, du travail, …

Bref, il s'agit d'élaborer la mise en place d'une sorte de gouvernement mondial de la planète.

Il est légitime que les Etats-Unis aspirent à ce rôle, et même leurs ennemis devront reconnaître que s'ils ne font pas toujours bonne figure, au moins sont-ils les moins mauvais. Certes, ils ont commis de véritables crimes contre leurs adversaires, mais pas un pays au monde n'a impliqué autant l'humanité dans ses actions, et pas un seul non plus n'a obligé le monde à évoluer autant en si peu de temps.

 

Mais il est temps pour les USA de comprendre que le moment est venu d'évoluer à leur tour. Ils ne peuvent pas continuer à diriger le monde à la seule lecture de leurs intérêts économiques.

 

En sont-ils capables ? Au vu de l'actualité, il est permis d'en douter.

 

 

 

Hervé LE BIDEAU

18 août 2014

 

 

 

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