Ces drôles d'affaires.
Durant tout le quinquennat de François Hollande, Nicolas Sarkozy a été constamment la cible de nombreuses mises en examen (dont aucune n'a abouti) jusqu'à sa défaîte à la primaire de la droite en novembre 2016. Depuis, aucun écho d'affaire judiciaire le concernant n'a été retransmis par la presse.
François Fillon, lui, est rentré dans le viseur des juges à l'issue de sa victoire à la primaire de la Droite, et plus précisément dans celui du Canard enchaîné à la fin de janvier 2017.
Mais depuis le dimanche 23 avril 2017, et sa défaite au premier tour de l'élection présidentielle, plus personne n'entend parler du salaire de son épouse, ou de ses enfants, ni même de ses costumes (il aurait reçu deux ou trois costumes par an de la Maison Arnys -à titre de don-. La même maison Arnys aurait habillé gratuitemet, mais à titre de prêt, l'épouse de E. Macron. Cette excuse ne tient pas: une femme n'a pas besoin de deux ou trois robes par an, elle a besoin de changer de toilette tous les jours. Les "avantages" fournis à Mme Macron par la Maison Arnys sont donc environ cent fois supérieurs à ceux dont F. Fillon a bénéficié).
Mais tout cela n'a plus d'importance, puisque N. Sarkozy et F. Fillon ont vu les "affaires" les concernant s'arrêter immédiatement dès qu'ils ont été écartés du l'élection présidentielle.
C'est dommage en droit, pour deux raisons: - pour la première, s'ils ont commis des actions délictueuses (ce que les juges et la presse avaient l'air de penser), il faut évidemment que les actions judiciaires aillent jusqu'au bout et aboutissent à des sanctions. - pour la seconde, notre Constitution retient le principe de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, selon lequel les hommes sont égaux en droit. Dans le cas particulier de F. Fillon (à qui l'on reproche, en tant que parlementaire, d'avoir embauché sa femme et ses enfants), la suspiçion dont il a fait l'objet doit être étendue à TOUS les parlementaires (de Gauche et de Droite) qui ont eu un comportement comparable. On devrait aussi viser, dans la même requête, ceux qui ont embauché leur(s) maîtresse(s) ou des membres de la famille de leur conjoint, ou de leurs amis, sans omettre ceux qui profitent de leur élection à la présidence pour faire supporter par l'Etat les frais qu'occasionnent les frasques de leur vie personnelle. Certes les présidents sont protégés par leur immunité présidentielle; mais pas ceux qui en ont bénéficié induement et qui se sont ainsi rendus coupables de recel de détournement de fonds publiques.
C'est ce que ressentent de nombreux citoyens. Mais je peux, hélas, leur assurer que rien ne se passera.
En effet, pour que des enquêtes puissent avoir lieu, il faut qu'il y ait des plaignants qui saisissent la justice (ce qui permet à cette dernière d'intervenir en tant que juge, et pas en tant que partie). Or, au lendemain du premier tour, F. Fillon et N. Sarkozy ont appelé à voter Macron. Ce faisant, ils ont légitimé l'action de la justice à leur égard, car on ne peut pas soutenir un parti politique que l'on conteste. Et, ce faisant, ils ont acheté leur tranquillité pour l'avenir. Leur appel au vote anti Le Pen fera passer pour de la clémence l'abandon des procès qui auraient dû mettre en évidence la forfaiture dont certains hauts fonctionnaires et responsables politiques se sont rendus coupables à leur égard.
Ce que l'on appelle "théorie du complot" reposait sur l'action concertée de la Justice et du Pouvoir (en particulier de Bercy) contre les candidats de la Droite avant le premier tour de l'élection présidentielle. L'inaction de ces mêmes autorités depuis l'élimination de ces candidats en est la confirmation.
Hervé Le Bideau 29 avril 2017